Après un mandat relativement calme sur le front social, François Hollande et son gouvernement vont devoir faire face mercredi à un premier mouvement d’ampleur. Une coalition de syndicats, d’organisations étudiantes et de partis politiques appelle à faire grève et à descendre dans la rue pour protester contre le projet de réforme du droit du travail porté par Myriam El Khomri. A la veille d’un mouvement qui s’annonce suivi, Europe 1 résume ce qu’il faut savoir.
Quelles sont les raisons de la grève ? Le projet de loi El Khomri va être au centre des critiques. Pourtant, cette journée de mobilisation a un tout autre objectif à l'origine : les syndicats de la SNCF et de la RATP avaient prévu de longue date de faire grève pour défendre le statut de cheminot. Ce n’est qu’ensuite que plusieurs organisations syndicales se sont greffées à cette journée de grève. Leur mot d’ordre ? Réclamer le retrait du texte défendu par la ministre du Travail, qu’ils jugent trop axé sur la flexibilisation du marché du travail et défavorable aux salariés.
Qui fait grève ? Avant tout les employés de la SNCF et de RATP, mais aussi tous les travailleurs qui répondront à l’appel des syndicats impliqués : la CGT, FO, FSU et Solidaires. La CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et Unsa ont en revanche décidé d’organiser une autre journée de manifestation ultérieurement. La mobilisation est également étudiante puisque les syndicats Unef, SGL, UNL et la FIDL appellent la jeunesse à battre le pavé. En outre, Europe Ecologie-Les Verts a aussi décidé de soutenir cette mobilisation.
Quand commencent les perturbations ? Ce sera dès mardi soir dans les transports en commun. A la SNCF, le mouvement court de mardi 19 heures jusqu’à jeudi 8 heures. Au vu des déclarations d'intentions déposées à l'avance par les cheminots, la SNCF a d'ores et déjà prévenu que le trafic serait "très fortement perturbé" sur son réseau, avec en moyenne un tiers des trains prévus en Ile-de-France, sur les lignes régionales et la plupart des lignes TGV nationales. Côté RATP, la grève doit débuter mardi à 22 heures et se terminer jeudi matin. Si les métros devraient circuler normalement, le trafic RER sera en revanche impacté, surtout sur la ligne B.
>> Pour en savoir plus : retrouvez les prévisions trafic pour mercredi
Le mouvement sera-t-il suivi ? C’est la grande inconnue mais tous les ingrédients sont réunis : aucun syndicat ne soutient le projet de loi El Khomri en l’état, l’aile gauche du PS le rejette et, selon les derniers sondages, l’opinion semble partager cet avis. Reste à savoir si cela va se traduire dans la rue. La mobilisation devrait être forte au sein de la SNCF et de la RATP, où les syndicats ont eu le temps de se préparer. La fonction publique devrait aussi être au rendez-vous : les principaux syndicaux au sein de l’administration, de l’Education, de la Poste et des hôpitaux publics ont appelé à faire grève. La situation est plus floue en ce qui concerne le privé. Seule certitude, le gouvernement scrutera avec attention l’ampleur de la mobilisation.
Et après mercredi ? Après avoir montré les muscles et évoqué l’hypothèse d’un recours au 49.3, le gouvernement a décidé de changer de ton : le texte a été rebaptisé et sa présentation repoussée de deux semaines afin de mener de nouvelles discussions avec les partenaires sociaux. Barème prud’homal, licenciement économique, etc. : plusieurs ajustements du texte ont déjà été évoqués, mais rien n’a encore été acté. Officiellement, le gouvernement attend d’avoir rencontré toutes les organisations avant de faire la moindre annonce
Les organisations syndicales ont donc décidé de maintenir la pression. Deux autres journées de mobilisation sont déjà prévues, notamment parce que les syndicats ne sont pas parvenus à trouver une position commune. Ainsi, les syndicats réformistes qui souhaitent des modifications mais pas l’abandon de la loi El Khomri, appellent à manifester le samedi 12 mars. Puis les syndicats demandant un retrait pur et simple se mobiliseront à nouveau le 31 mars pour une journée présentée comme un "plat de consistance" après "l'apéro" du 9, selon une formule de Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Entre-temps, les fonctionnaires pourraient aussi se mobiliser le 22 mars pour réclamer une augmentation de traitement qu’ils attendent depuis 2010.