Pour Christine Lagarde, la sortie de l'euro "ouvrirait une période de grands déséquilibres"

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G.S. , modifié à
Une sortie de l'euro entraînerait pour la France "une période de très grave incertitude", lance la patronne du FMI en référence au projet du FN.

Elle s'exprime rarement aussi longuement dans la presse française. Le sujet doit, donc, lui tenir à cœur. Une sortie de l'euro entraînerait pour la France "une période de très grave incertitude", lance vendredi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, en référence à ce qu'envisage le Front national dans son programme.

Des élections françaises "déterminantes". Dans un entretien paru dans Le ParisienChristine Lagarde assure que "les élections françaises joueront un rôle déterminant". "Parce qu'on aboutit soit à un renforcement possible du rôle franco-allemand, soit à une hypothèse lourde de conséquences non seulement pour la France, mais pour toute l'Union européenne... Cette hypothèse est celle d'une sortie de l'euro qu'envisagent certains candidats. Elle ouvrirait, à court terme, une période de très grave incertitude, de grand déséquilibre et d'appauvrissement de la France", insiste la patronne du FMI. "Les questions de fond doivent être au cœur du débat. Nous sommes à un moment trop important sur le plan historique pour ne pas approfondir ces questions-là", martèle-t-elle.

"Le protectionnisme a entraîné le monde dans un gouffre". De manière générale, la directrice générale du FMI entend faire de la "pédagogie" pour défendre la mondialisation et mettre en garde contre toutes les volontés d'un retour au protectionnisme à travers le monde. "Nous devons très clairement rappeler ce qui s'est passé dans les années 1930. Rappeler comment le protectionnisme a été catastrophique pour les plus démunis, comment il a entraîné le monde dans un gouffre humain", déclare-t-elle. "Les incertitudes actuelles ne sont pas économiques ou financières, elles sont politiques". Christine Lagarde craint d'ailleurs que le Brexit pourrait avoir des effets "qu'on ne mesure pas encore".

Elle en appelle toutefois à une "régulation" de la finance et se dit prête à plus de souplesse sur le dossier grec : "Il faut que la dette du pays soit soutenable. Cela nécessite donc une restructuration qui peut passer par différentes opérations : soit des allongements de maturité (NDLR : durée de remboursements) très importants, soit des plafonds de taux d'intérêt très bas". 

Affaire Tapie : "Je ne regrette pas ma décision"

La directrice du FMI glisse aussi un mot sur sa propre carrière, et dit exclure pour l'heure tout retour en politique. "J'ai encore quatre ans à faire. Je n'ai jamais fait de plans sur la comète, donc on verra, mais j'en doute profondément. Mon expérience en France a été extraordinaire mais douloureuse. La politique est un monde trop violent", lâche-t-elle. Sur l'affaire Tapie, elle confie avoir été "déçue" par certains. Mais ne regrette pas sa propre décision. "Je ne veux être ni dans le regret ni dans la déception, pourtant certains m'ont profondément déçue, notamment durant le procès. J'ai peut-être été trompée dans toute cette affaire. Je le saurai un jour, j'espère. Mais je ne regrette absolument pas la décision que j'avais prise à l'époque. Je pense qu'elle était totalement légitime".