SNCF : qu'espèrent encore les grévistes avec la "journée de la colère cheminote" ?

Les syndicats, surtout la CGT et Sud, n'ont pas l'intention de mettre fin à la grève.
Les syndicats, surtout la CGT et Sud, n'ont pas l'intention de mettre fin à la grève. © PASCAL PAVANI / AFP
  • Copié
Thibaud Le Meneec
Les grévistes de la SNCF organisent mardi une journée de la "colère cheminote", destinée à montrer que le mouvement social vit encore. Mais pas seulement.

Les expressions varient, mais le combat reste le même. Après la "journée sans cheminots" du 14 mai, les grévistes de la SNCF organisent mardi une "journée de la colère cheminote" pour protester contre le projet de réforme du groupe ferroviaire porté par le gouvernement. Celui-ci entre d'ailleurs dans une phase décisive : après un accord trouvé lundi en commission mixte paritaire (CMP), le texte sera débattu à l'Assemblée, mercredi, avant un passage au Sénat le lendemain. Si les deux chambres sont d'accord, le projet sera adopté définitivement. D'où l'intérêt, pour les cheminots, de bien négocier la journée de mardi pour peser sur la fin des débats parlementaires.

(Re)mobiliser pour la fin de la grève perlée

Le regain de mobilisation pour cette "journée de la colère cheminote" sera-t-il le même que celui observé le 14 mai, pour la "journée sans cheminots" ? Les syndicats (CGT, Sud, CFDT et Unsa) l'espèrent, pour entamer ce quinzième épisode de grève perlée depuis début avril. Car le taux de participation à la grève a diminué depuis le premier jour de mobilisation, le 3 avril. Vendredi, ce taux a été le plus faible du mouvement, avec 13,68% de grévistes.

Après mercredi, 30e jour de grève, il restera trois épisodes de grève avant un possible arrêt de la mobilisation, jeudi 28 juin. C'est donc un regain de participation en vue de la dernière ligne droite qu'espèrent les cheminots, afin de ne pas donner l'image d'une opposition de plus en plus faible, semaine après semaine, au projet du gouvernement.

Arracher des concessions avant le vote du texte

En commission mixte paritaire, députés et sénateurs se sont accordés sur un texte équilibré entre les versions issues des deux chambres. Il est ainsi notamment précisé que le capital de la SNCF "est incessible" et que le groupe ferroviaire doit proposer un poste de reclassement à tous les cheminots qui consacrent moins de 50% de leur temps de travail à un marché perdu et qui refuseraient d'être transférés. Quoi qu'il en soit, les principes-clés de la réforme menée par le gouvernement sont toujours là : ouverture à la concurrence, arrêt de l'embauche au statut et transformation de la SNCF en société anonyme.

L'intersyndicale, qui a annoncé la poursuite de la grève après la version amendée du Sénat, cherche toujours à faire adopter des amendements favorables aux cheminots. Parmi ceux-ci figure le "volontariat total" sur les transferts : dans la version issue de la CMP, les cheminots de la SNCF qui travaillent au moins 50% du temps sur une ligne régionale seraient transférés chez le groupe privé vainqueur d'un appel d'offres pour cette ligne. Ces transferts se feraient sur la base du volontariat, mais les cheminots seraient obligés de changer de casquette si le nombre de volontaires n'était pas suffisant. Les syndicats veulent abandonner le caractère obligatoire de ces transferts.

Reste que la modification du texte est peu probable, car les amendements que pourraient proposer députés et sénateurs doivent au préalable être acceptés par le gouvernement. Peu de chances, donc, de voir le ministère des Transports céder d'ici mercredi aux revendications des députés La France insoumise, fortement opposés à la réforme.

Préparer le terrain pour les négociations de la convention collective

Au-delà de la réforme de la SNCF, les syndicats veulent mettre la pression sur le gouvernement en vue d'une réunion tripartite, vendredi, entre la ministre des Transports Elisabeth Borne, l'UTP (l'Union des transports publics et ferroviaires, qui relève du patronat) et l'intersyndicale. Objectif de ce rendez-vous crucial : amorcer les négociations de la future convention collective nationale de la branche ferroviaire. L'intersyndicale doit se réunir mercredi pour "déterminer une base commune" en vue de cette réunion.

Pour l'heure, les quatre syndicats sont d'accord pour poursuivre la grève jusqu'à son terme prévu, le 28 juin. Mais si les garanties demandées au gouvernement par l'Unsa et la CFDT sont accordées, ces deux centrales réformistes pourraient se désolidariser du front syndical. Dans le cas contraire, elles  continueraient la grève aux côtés de la CGT et de Sud.

 

Semaine très chargée pour la SNCF

Lundi

Texte commun trouvé en commission mixte paritaire

Mardi

29e jour de grève des cheminots

Mercredi

30e jour de grève des cheminots

Débat en deuxième lecture du texte à l'Assemblée nationale

Réunion de l'intersyndicale sur la convention collective

Jeudi

Débat en deuxième lecture du texte au Sénat et probable adoption du texte

Vendredi

Réunion tripartite entre syndicats, patronat et gouvernement sur la future convention collective