Le monde de l’automobile bascule peu à peu vers un horizon bleu électrique. Renault l'a confirmé vendredi matin lors de l'annonce de son plan stratégique pour les 5 ans à venir, qui prévoit notamment d'intégrer huit véhicules 100% électriques dans ses gammes en 2022. Nicolas Hulot vise la fin de la vente des voitures essence et diesel en France en 2040, la Chine veut faire de même, des constructeurs comme Volkswagen promettent que tous leurs véhicules seront disponibles en version électrique d’ici 2030… Mais à quel prix se fait cette conversion vers des véhicules propres ?
L'enjeu des matériaux rares. Les batteries électriques contiennent des matériaux assez rares : du lithium, du graphite, de la bauxite, du nickel et aussi du cobalt. Rien que sur ce cobalt, Volkswagen vient de passer un appel d’offres gigantesque qui pourrait représenter un quart de la production mondiale. Dans l'hypothèse d'un monde tout électrique, la demande serait multipliée par 20.
Le problème est d’autant plus délicat que la moitié des réserves mondiales se concentrent en République Démocratique du Congo, où la production se passe dans des conditions d’un autre âge. "Le cobalt est souvent extrait dans des mines artisanales où des enfants travaillent", explique Sabine Gagnier, de l’association Amnesty International. "Ils respirent de la poussière de cobalt, qui est extrêmement toxique, et portent des sacs très lourds qui font parfois le double de leur poids. En soi c’est très bien de développer le marché des voitures électriques mais il faut imaginer qui va en pâtir en bout de chaîne de production."
Le recyclage, "ce n'est pas rentable économiquement". Un grand flou entoure également les conditions de recyclage de ces batteries. La réglementation impose de recycler 95% d’une voiture mais seulement 50% des batteries. "Il n'y a pas de volonté de renforcer le pourcentage de matières recyclées tout simplement parce que ce n'est pas rentable économiquement", regrette Marie Chéron de la Fondation pour la nature et l’homme. "On saurait faire plus, mais le prix du recyclage peut-être supérieur au prix d'achat des matières premières."
Par exemple, le lithium peut resservir pour faire des ciments. Mais il coûte trop cher de le purifier pour refaire une batterie neuve.
Le réseau n'est pas prêt à faire face. Il reste beaucoup d’inconnues avec cette généralisation de la voiture électrique. EDF estime que pour recharger les batteries d'un million de voitures électriques, il faut l'équivalent d'un réacteur nucléaire. Les chiffres pourraient donner le tournis si le nombre de voitures électriques monte à 10 ou 20 millions. Quant au déploiement des bornes de recharge, son coût est estimé par l’agence France Stratégie à 25 milliards d'euros au minimum.
En hiver, quand chacun rentrera chez soi et branchera sa voiture à 19h, le réseau français ne pourra pas assumer cette charge. Mais sur ce terrain il existe des solutions. Pourquoi ne pas utiliser ce qui reste d’énergie dans une batterie pour éclairer votre maison, puis, dans la nuit, recharger votre voiture automatiquement quand le réseau est moins sollicité ?