L’INFO. Les bulletins sont déjà prêts. Les bureaux de vote sur le point d’ouvrir. La Crimée va voter dimanche pour son rattachement à la Russie. 1,5 million d’électeurs pourront donc décider de leur indépendance par rapport à Kiev. Mais en fait, les Ukrainiens de Crimée n’auront pas le choix de garder la situation comme elle l’est.
Oui obligatoire. Les électeurs de cette région ukrainienne, qui jouit d’un statut spécial d’autonomie, devront obligatoirement répondre oui à l’une de ces deux questions :
• Êtes-vous pour la réunification de la Crimée avec la Russie dans le cadre de la Fédération de Russie ?
OU
• Êtes-vous favorable au rétablissement de la constitution de 1992 et au statut de la Crimée en tant que partie intégrante de l'Ukraine ?
De prime abord, cette deuxième question semble offrir la possibilité pour la Crimée de rester au sein de l’Ukraine. Mais en fait, le document de 1992, cité dans la question, dit l’inverse. Cette constitution a été mise au placard par la très jeune Ukraine, alors état post-soviétique. Elle donne le droit à la Crimée de déterminer sa voie propre et de choisir ses relations, notamment avec la Russie. Ce que la Constitution ukrainienne actuelle ne permet pas.
"Pas de troisième option disponible. Si la deuxième proposition était adoptée, la Crimée aurait toute latitude pour rejoindre la Russie plus tard, selon des analystes. "Même s’il (le référendum, ndlr.) était légitime, les deux choix présentés aux électeurs criméens ne leur laissent pas la possibilité d’abandonner le contrôle russe", estime Keir Giles, membre du think tank londonien Chatham House. "Les citoyens qui étaient satisfaits d’une Crimée faisant partie de l’Ukraine sur la même base que ces 20 dernières années n’ont pas voix au chapitre dans ce référendum", ajoute-t-il. "Il n’y a pas de troisième option disponible."
"Le référendum en Crimée est tout à fait contraire au droit international et en fait le choix n'est pas laissé aux uns et aux autres, c'est le choix entre oui et oui", a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères."C'est un scrutin dont les autorités internationales, comme nous mêmes, ont déjà dit qu'il était nul et non avenu", a-t-il poursuivi.
Le oui à Moscou pourrait l’emporter. Ecrit dans les trois langues de la région (l’ukrainien, le russe et le tatar), le bulletin semble de prime abord ouvert aux voix des pro-ukrainiens.
Le texte du référendum en CriméeSi un électeur choisit de ne cocher aucune case, le vote sera considéré comme nul. Idem si les deux cases sont noircies. Le "da" (oui) à la Russie a des chances de l’emporter lors de ce scrutin qui sera observé par les grandes forces internationales.
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