Tout s'est passé en quelques secondes. L'ambassadeur américain en Corée du Sud, Mark Lippert, a été blessé par arme blanche jeudi à Séoul par un militant nationaliste opposé à l'alliance militaire entre son pays et les Etats-Unis. Armé selon la police d'un couteau de cuisine d'environ 25 centimètres, l'agresseur a attaqué Mark Lippert alors qu'il participait à une réunion dans le centre de Séoul. Vendredi, Mark Lippert se remettait bien de l'attaque, selon les médecins qui l'ont opéré. Aucun nerf facial n'a été touché. Seul un nerf du doigt, plus touché, pourrait mettre jusqu'à six mois à guérir. La Corée du Nord a qualifié l'agression de "juste châtiment".
Blessé au visage et à la main. "Cet homme a brusquement surgi du public au moment où le petit-déjeuner commençait. Des gens ont tenté de l'arrêter mais tout s'est passé très vite. L'ambassadeur a été blessé au visage et conduit à l'hôpital", a témoigné Kim Young-man, un porte-parole du Conseil coréen pour la réconciliation et la coopération qui organisait l'événement à l'Institut culturel Sejong. Des images vidéo, prises aussitôt après l'attaque, montraient l'ambassadeur emmené précipitamment hors de l'immeuble, une main posée sur sa joue droite ensanglantée, l'autre main portant la trace apparente d'une blessure et également maculée de sang. Sa vie n'est "pas en danger", selon la diplomatie américaine.
La chaîne d'information YTN, citant des sources policières et des témoins, avait précédemment indiqué que Mark Lippert, réputé proche de Barack Obama, avait été attaqué par un homme armé d'une lame de rasoir. Le président américain a appelé l'ambassadeur pour lui souhaiter un "prompt rétablissement" et le département d'Etat (l'équivalent du ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis) a "condamné avec force" cet "acte de violence".
Des positions antimilitaristes et nationalistes. Les membres des services de sécurité et des policiers se sont précipités sur l'assaillant, qui portait des vêtements coréens traditionnels et a lancé, selon les médias, un slogan contre la guerre quand il s'est attaqué au diplomate. La police a identifié le suspect comme étant Kim Ki-Jong, un homme de 55 ans déjà condamné pour avoir lancé une pierre sur l'ambassadeur du Japon à Séoul en 2010. Il "a été placé en garde à vue et nous essayons de comprendre le mobile de l'attaque", a indiqué jeudi le chef de la police locale chargé de l'enquête.
L'homme dirige un mouvement nationaliste organisant régulièrement des manifestations contre les prétentions territoriales du Japon sur un groupe d'îles contrôlées par la Corée du Sud. Il tient un blog dans lequel il exprimait cette semaine son opposition aux manœuvres militaires entre la Corée du Sud et les Etats-Unis qui viennent de démarrer, estimant qu'elles rendent impossibles la reprise du dialogue intercoréen.
Un lien avec la Corée du Nord ? L'homme est aussi soupçonné d'avoir des relations avec la Corée du Nord, selon des déclarations des autorités sud-coréennes vendredi. Il s'est en effet rendu plus de six fois dans ce pays entre 2006 et 2007 et avait tenté d'ériger à Séoul un mémorial à la gloire de Kim Jong-Il, ancien dirigeant de la Corée du Nord. Si ces liens avec la dictature sont avérés, Kim Ki-Jong serait coupable d'avoir enfreint la loi de sécurité nationale qui interdit la promotion écrite ou orale de l'idéologie de la Corée du Nord.
Comme des journalistes lui demandaient s'il avait agi sur ordre de Pyongyang lors de son transfert du commissariat vers le tribunal, le suspect a répondu par la négative: "Il n'y a rien eu de tel", a-t-il dit.
En pleine période d'exercices militaires. La présidente sud-coréenne a dénoncé une attaque visant l'alliance militaire entre la Corée du Sud et les Etats-Unis. L'agression s'est déroulée alors que les Etats-Unis et la Corée du Sud se sont engagés cette semaine dans un important exercice militaire annuel. "Ces faits sont intolérables car il ne s'agit pas seulement d'une agression physique contre l'ambassadeur Lippert mais contre l'alliance entre la Corée du Sud et les Etats-Unis", a déclaré Park Geun-Hye dans un communiqué. Ces exercices militaires à grande échelle menés chaque année par la Corée du Sud et son allié américain suscitent invariablement des réactions violentes de la Corée du Nord. Près de 30.000 soldats américains sont stationnés en permanence en Corée du Sud et les Etats-Unis assureraient le commandement opérationnel en cas de conflit armé avec la Corée du Nord.
Park Geun-Hye a elle-même été victime d'une attaque à l'arme blanche en 2006 au cours d'une campagne électorale. Son agresseur a été condamné à 10 ans de prison pour tentative de meurtre.
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