La Corée du Nord a procédé lundi à un essai de son missile balistique intercontinental le plus avancé capable d'atteindre les États-Unis, le dernier tir en date d'une série record cette année, qui a suscité de nouvelles condamnations internationales. Selon la Corée du Sud, le tir de lundi, qui a suivi celui d'un missile à courte portée la veille, était un missile de classe ICBM à combustible solide - permettant de le transporter plus facilement et de le tirer plus rapidement que les versions à combustible liquide -, le troisième après des précédents en avril et juillet.
La Corée du Nord avait déclaré que ces précédents missiles étaient des "Hwasong-18", mais n'a pas commenté immédiatement le lancement de lundi. Le Japon a estimé que ce missile pourrait avoir la capacité de voler plus de 15.000 km, ce qui mettrait tout le territoire des États-Unis à sa portée. Ce tir intervient quelques jours après des mises en garde de Séoul et Washington qui ont averti Pyongyang que "toute attaque nucléaire" contre les États-Unis ou leurs alliés entraîneraient la fin du régime de Kim Jong Un, le dirigeant nord-coréen.
Condamnations internationales
À l'issue d'une réunion d'urgence du Conseil national de sécurité, Séoul a "fermement condamné" son voisin du nord, estimant qu'il faisait "peser une grave menace sur la paix et la sécurité de la péninsule coréenne et de la communauté internationale" Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a aussi ordonné une riposte "immédiate et écrasante" à toute provocation de Pyongyang et à une réponse conjointe avec les États-Unis et le Japon.
Les États-Unis ont également condamné le tir, le porte-parole du Département d'État américain jugeant dans un communiqué transmis à l'AFP que ces lancements "constituent une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies". "Nous condamnons fermement" ces tirs, a dit de son côté le Premier ministre japonais Fumio Kishida, estimant qu'ils représentaient une "menace pour la paix et la stabilité dans la région". La Chine, proche alliée de Pyongyang, n'a pas réagi directement au dernier tir, affichant plutôt lundi son "ferme soutien" à la Corée du Nord.
"Face aux turbulences au niveau international, la Chine et la (Corée du Nord) se sont toujours fermement soutenues et fait confiance l'une et l'autre", a affirmé Wang Yi lors d'une rencontre à Pékin avec le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères Pak Myong Ho. Selon Park Won-gon, un professeur d'études nord-coréennes à l'université d'Ewha, le projectile de lundi était probablement un Hwasong-18.
Ce type de missile "utilise du combustible solide, il n'y a donc pas de temps de préparation et il peut être tiré immédiatement à partir d'un lanceur mobile, et peut être considéré comme un système ayant la capacité pratique de frapper le continent américain", a déclaré Park Myong Ho à l'AFP. Cependant, le nord cherche encore à perfectionner ses capacités, selon Go Myong-hyun, chercheur à l'Institut asiatique d'études politiques. "En ce qui concerne les ICBM, de nombreux aspects techniques doivent encore être améliorés, notamment la sécurisation de la technologie de rentrée dans l'atmosphère et la technologie des multiples ogives", a déclaré Go Myong-hyun à l'AFP.
Riposte préventive et mortelle
Les États-Unis et la Corée du Sud ont participé vendredi à la deuxième session du Groupe consultatif nucléaire à Washington, axée sur la dissuasion nucléaire en cas de conflit avec le nord. Et dimanche, un porte-parole du ministère nord-coréen de la Défense a dénoncé un projet des alliés d'ajouter l'an prochain un exercice nucléaire à leur exercice militaires conjoints annuels, en menaçant d'une "contre-attaque préventive et mortelle". Le lancement du missile à courte portée de dimanche a eu lieu alors que Pyongyang marquait l'anniversaire de la mort du père et prédécesseur du dirigeant Kim Jong Un, Kim Jong Il, décédé le 17 décembre 2011.
La Corée du Nord s'est déclarée l'année dernière puissance nucléaire "irréversible" et a déclaré à plusieurs reprises qu'elle n'abandonnerait jamais son programme nucléaire, que le régime considère comme essentiel à sa survie. Le mois dernier, la Corée du Nord a réussi à placer en orbite son premier satellite espion "Malligyong-1", après deux échecs en mai et en août. Les Occidentaux, le Japon et la Corée du Sud ont dénoncé ce lancement, tout comme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, jugeant que l'utilisation de technologies de missiles balistiques violait les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.