Les deux Corées ont tenu mercredi une cérémonie symbolique d'inauguration des travaux pour reconnecter et réparer les routes et voies ferrées de la péninsule divisée, le Nord demandant au Sud de tenir bon sur les projets communs malgré les sanctions contre Pyongyang.
"Engagement" des deux pays. La connexion des réseaux ferroviaires et routiers coréens figure parmi les mesures d'amélioration des relations bilatérales décidées par le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un lors du troisième sommet intercoréen qui a eu lieu en septembre à Pyongyang. Séoul a pris soin de souligner que cette cérémonie ne marquait pas le début des travaux proprement dits. Il s'agit du "témoignage" de "l'engagement" des deux pays derrière le projet, a déclaré un porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification. Les travaux vont dépendre "des progrès réalisés dans la dénucléarisation du Nord et des circonstances relatives aux sanctions".
Le Nord demande au Sud de se désolidariser de Washington. Mais Kim Yun Hyok, responsable des chemins de fer nord-coréens, a répété que le Sud devait cesser de suivre la ligne des Américains qui refusent de lever les sanctions contre le Nord tant qu'il n'aura pas renoncé à son arsenal nucléaire. "Si le Sud continue de regarder par dessus son épaule pour vérifier l'humeur de quelqu'un et continue de tergiverser, la réunification n'aura jamais lieu", a-t-il dit lors de la cérémonie organisée à la gare de Panmun, dans la ville frontalière de Kaesong, en Corée du Nord.
Exemption de l'ONU. Quelques instants après, une dizaine de représentants de chaque pays ont actionné des leviers pour reconnecter symboliquement les rails. Certains esprits chagrins avaient craint que ce train, et les marchandises qu'il pourrait transporter, ne constituent une violation des sanctions infligées au Nord du fait de ses programmes nucléaire et balistique interdits. Mais le Conseil de sécurité de l'ONU a octroyé une exemption pour l'événement, selon la presse locale.
La dénucléarisation de la Corée du Nord en question. Cette cérémonie intervient alors que les discussions entre Pyongyang et Washington pour convaincre le Nord de renoncer à son arsenal atomique patinent. Certes, une détente spectaculaire a eu lieu cette année sur la péninsule, avec notamment un sommet historique entre le président américain Donald Trump et Kim Jong-Un en juin à Singapour. Mais depuis, les deux pays s'écharpent sur la signification de la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne", s'accusant mutuellement de mauvaise foi et de traîner les pieds.
Tensions entre Pyongyang et Washington. Certains accusent Pyongyang de n'avoir pris aucun engagement concret envers la dénucléarisation et considèrent qu'il est hautement improbable qu'il abandonnera ses armes nucléaires. Washington exige une dénucléarisation "totalement vérifiée" du Nord avant toute levée des sanctions, tandis que Pyongyang a condamné les "méthodes de gangster" des Américains accusés d'exiger son désarmement unilatéral sans faire de concession.