Des professeurs donnent des cours par vidéoconférence, des chirurgiens opèrent à distance ou des fonctionnaires ont recours au télétravail. Alors pourquoi, au 21e siècle, ne pourrait-on pas gouverner depuis l'étranger ? Voilà le raisonnement de la garde rapprochée de Carles Puigdemont, actuellement à Bruxelles, pour retrouver la présidence de la Catalogne.
Une première session sans Puigdemont. C'est donc en son absence que le parlement de Catalogne, dominé par les indépendantistes, siège pour la première fois mercredi depuis sa tentative de rupture avec l'Espagne. Deux mois après la crise politique sans précédent déclenchée par leur tentative de sécession, les séparatistes catalans ont réussi à conserver la confiance des électeurs lors des élections régionales du 21 décembre. Ils ont obtenu 47,5% des suffrages et 70 députés sur 135. Cette majorité absolue des sièges doit désormais leur permettre en principe de désigner un président séparatiste. Le candidat naturel est Carles Puigdemont, destitué par le chef du gouvernement Mariano Rajoy avec l'ensemble de son exécutif le 27 octobre après la déclaration d'indépendance du parlement catalan.
Une présidence par Skype ? Or, le leader indépendantiste souhaite être investi sans mettre les pieds à Barcelone. Et pour cause : mis en examen pour "rébellion, sédition et malversation de fonds publics", il risque la prison en Espagne. Pour pouvoir retrouver son siège de président du Parlement de Catalogne, Carlos Puigdemont hésite entre un discours prononcé par Skype, ou lu par quelqu'un d'autre. Mais cette procédure n'est pas permise par le règlement. Il faudrait donc le modifier. Surtout, Mariano Rajoy a prévenu : la mise sous tutelle ne sera pas levée si Puigdemont tente de gouverner depuis Bruxelles.
Puigdemont est-il encore la solution ? Mardi soir, les deux partis séparatistes se sont mis d'accord. Ils essaieront d'investir Puigdemont, mais s'il échoue, certains estiment qu'il devra faire preuve de réalisme et céder sa place. D'autant que son jusqu’au-boutisme est en décalage avec les regrets exprimés par ses anciens ministres. Pour sortir de prison, plusieurs d'entre eux se sont engagés à respecter la constitution espagnole. Tandis que Puigdemont explique que la République catalane n'attend plus que son retour pour se mettre en marche.