En Turquie, Recep Tayyip Erdogan poursuit ses provocations face à la France et Emmanuel Macron. Lundi, après l'appel au boycott des produits français, il a comparé la situation des musulmans en Europe à celle des juifs avant la Shoah. Le président turc s’engouffre dans la brèche du retour des caricatures de Mahomet, un prétexte pour semer la division en Europe. Au niveau national, Erdogan veut se poser en défenseur de l'islam auprès des pays voisins.
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L'exploitation de cette thématique n'est pas nouvelle chez Recep Tayyip Erdogan. Mais Marie, une jeune Franco-Turque rencontrée par Europe 1 à Istanbul, désapprouve la méthode du président turc. "Ça me fait de la peine que le président de la République de la Turquie, un pays que j'aime, puisse avoir des idées comme ça", regrette-t-elle, affirmant cependant "le comprendre, parce qu'il se sent peut-être attaqué".
Une base remobilisée
Lorsqu'Erdogan est arrivé au pouvoir, poursuit la jeune femme, "toute la communauté internationale savait que c'était une personne qui avait des idées religieuses". Pour elle, la passe d'armes actuelle "est vraiment dommage, parce que ça crée des tensions entre les deux peuples, mais des tensions inutiles".
Selon Marie, les invectives de Recep Tayyip Erdogan ne choqueront pas son électorat. Au contraire, le président turc l'a bien compris : avec ses provocations, il remobilise sa base, sensible aux questions de religion, après quelques revers dans les urnes aux élections locales.
"Si les clients veulent acheter, ils peuvent"
Sur les rayons des épiceries, on trouve encore les yaourts et les fromages de marque française, dont ceux d'une grande coopérative laitière. "La Vache qui rit, elle reste en rayon", assure Ismaïl, commerçant. "Si les clients veulent l'acheter, ils peuvent. Chacun fait ce qu'il veut. Moi, je suis commerçant, je fais mon métier. Je n'aime pas le Coca-Cola... mais je le mets dans mon rayon. C'est le client qui décide."
"De manière générale, on a l'impression qu'il y a de l'hostilité envers les Turcs", regrette Shimal, qui s'apprête à faire ses courses. "Notre Président essaye d'afficher son désaccord, c'est un petit pas mais je soutiens la démarche." Elle a bien l'intention de participer au boycott des groupes français. "Il y a des marques bien particulières. Une liste a été dressée et je vais me renseigner."
Enfin, il y a ceux pour qui ce boycott semble plus difficile, comme les pharmaciens. L'un d'entre eux, croisé par Europe 1, est resté flou sur sa volonté de retirer les médicaments issus de laboratoires français.