Il y a 70 ans, le 9 août 1945, à 11H02, trois jours après Hiroshima, l'explosion de la Bombe A détruisait 80% des bâtiments de Nagasaki portant un coup final au Japon impérial et marquant la fin de la Seconde guerre mondiale. Retour en images sur un événement qui a marqué l’histoire du monde.
Le 9 août, Nagasaki. Trois jours après Hiroshima, le 9 août, l'armée américaine largue une bombe au plutonium sur la ville portuaire de Nagasaki, tuant quelque 74.000 personnes. Baptisé "Fat Man", l'engin destructeur au plutonium était initialement destiné à être largué sur la ville de Kokura, où se trouvait une importante usine d'armement. Mais des conditions météorologiques défavorables ont forcé le bombardier américain B-29 à changer de cible. Ces deux bombes ont porté un coup final au Japon impérial, qui s'est rendu le 15 août 1945, marquant le terme de la Seconde guerre mondiale.
Trois jours auparavant, une boule de feu dans le ciel de Hiroshima. Le 6 août 1945, à 8h15, un bombardier B-29 baptisé Enola Gay volant à haute altitude au-dessus de Hiroshima larguait Little Boy - "petit garçon". La bombe à uranium dotée d'une force destructrice équivalente à 16 kilo-tonnes de TNT explosait 43 secondes plus tard alors qu'elle se trouvaot à 600 mètres du sol dégageant une température d'un million de degrés Celsius.
Partout, une odeur de chair brûlée. Les ravages de l'arme la plus destructrice jamais produite sont immédiats : la température au sol atteint 4.000 degrés faisant fondre l'acier. Des souffles de 1,5 kilomètre par seconde projettent des débris vers l'extérieur, arrachant au passage membres et organes. Un gigantesque champignon nucléaire s'élève jusqu'à 16 km au-dessus de la ville. L'odeur de chair brûlée remplit l'air. Des survivants par dizaines, couverts de brûlures, se jettent à l'eau dans l'espoir d'échapper au brasier. Des centaines n'ont jamais refait surface, poussés par le fond sous le poids d'une masse humaine désespérée. On estime à 140.000 le nombre de morts, au moment de l'impact puis ultérieurement, sous l'effet de l'irradiation.
Brûlés, blessés et ostracisés. Sunao Tsuboi, 90 ans, était alors un jeune étudiant à Hiroshima. Il se trouvait à environ 1,2 kilomètre de l'impact. Lorsqu'il s'est relevé, sa chemise, son pantalon et sa peau flottaient en lambeaux, des veines pendaient de ses plaies, une partie de ses oreilles manquait. Il se rappelle avoir vu une adolescente dont le globe oculaire droit pendait sur le visage. Non loin, une femme tentait vainement d'empêcher ses intestins de tomber. Pour les survivants, s'ouvrait alors la terrifiante inconnue d'une nouvelle maladie : gencives en sang, dents déchaussées, chutes de cheveux par mèches entières, naissances prématurées, bébés difformes, morts subites. La crainte qu'ils soient contagieux les a isolés et beaucoup ont eu des années plus tard des difficultés à trouver un emploi ou à se marier.
Hiroshima aujourd'hui. Sept décennies après la bombe, la ville de 1,2 million d'habitants est à nouveau un centre de commerce prospère mais les cicatrices physiques et psychiques demeurent. Sunao Tsuboi, lui, espère voir le jour où les dirigeants du monde, dont le président des Etats-Unis, viendront dans sa ville entendre le récit de ce qui s'est produit sous le nuage en forme de champignon. Il ne demande pas d'excuses mais simplement que cela ne se reproduise jamais. "Nous ne devons pas oublier", dit-il.