Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a repris ses activités électorales samedi, interrompues plus tôt à la suite d'une explosion alors qu'il s'apprêtait à prononcer un discours dans l'ouest du pays, ont relaté des médias japonais. Cet incident intervient neuf mois seulement après l'assassinat de l'ancien Premier ministre nippon Shinzo Abe lors d'un événement de campagne électorale en juillet dernier, qui a choqué au Japon comme à l'étranger et forcé l'archipel à revoir ses dispositifs de sécurité.
Enquête en cours
"Il y a eu une forte explosion (…) La police enquête pour connaître les détails, mais je voudrais m'excuser d'avoir inquiété et incommodé de nombreuses personnes", a déclaré Fumio Kishida samedi en début d'après-midi (heure japonaise) devant la gare de Wakayama, à quelques kilomètres du lieu de l'incident. "Une campagne importante pour notre pays est en train de se dérouler, et nous devons travailler ensemble et aller jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
Il devait également participer à un autre événement public dans l'après-midi à Chiba, près de Tokyo. Le dirigeant nippon devait prendre la parole dans le port de pêche de Saikazaki samedi matin pour soutenir un candidat de son parti en vue d'une élection partielle, et venait de goûter du poisson local lorsqu'un mouvement de panique s'est emparé de la foule.
Un homme interpellé
Plusieurs médias, dont l'agence de presse Kyodo, ont rapporté qu'un objet ressemblant à une "bombe fumigène" avait été lancé et des images de télévision ont montré un mouvement de foule avant que ne retentisse une explosion, suivie d'un dégagement de fumée blanche.
La chaîne de télévision NHK a diffusé des images montrant une personne maintenue au sol par des policiers alors que la foule se dispersait, et rapporté qu'un homme avait été arrêté sur place pour des soupçons d'"obstruction à l'activité commerciale". Aucune confirmation officielle n'a été immédiatement émise par les autorités, et la police s'est refusée à tout commentaire.
"Atrocité impardonnable"
"J'ai couru frénétiquement, puis, une dizaine de secondes plus tard, j'ai entendu un grand bruit et mon enfant s'est mis à pleurer. J'étais sous le choc. Mon coeur bat encore très fort", a déclaré une femme présente sur les lieux à la NHK. Une autre personne a expliqué à la chaîne de télévision qu'un mouvement de panique au sein de la foule s'était déclenché avant même l'explosion, quand une personne a dit avoir vu quelqu'un lancer un engin explosif.
"Il est regrettable qu'un tel incident se soit produit au beau milieu d'une campagne électorale, qui constitue le fondement de la démocratie. C'est une atrocité impardonnable", a déclaré à la NHK Hiroshi Moriyama, responsable de la stratégie électorale du PLD. Le Japon a renforcé ses dispositifs de sécurité après l'assassinat en juillet dernier de l'ex-Premier ministre Shinzo Abe, tué par balles alors qu'il s'exprimait lors d'un événement de campagne électorale.
Défaillances dans la protection de Shinzo Abe
Le dispositif de sécurité protégeant Shinzo Abe était relativement léger, et son assassinat a donné lieu à un examen approfondi de la manière dont sont protégées les personnalités politiques. Le chef de la police nationale japonaise avait démissionné par la suite, après avoir reconnu des "défaillances" dans la protection de l'ancien chef de gouvernement. Son assassin présumé, Tetsuya Yamagami, a dit avoir visé Shinzo Abe en raison de ses liens présumés avec la secte Moon, aussi connue sous le nom d'Église de l'Unification.
Le suspect en voulait à ce groupe, auquel sa mère aurait fait des dons très importants, menant leur famille à la ruine. Le nouvel incident de samedi survient alors que le Japon accueille ce week-end des réunions ministérielles du G7, et que le sommet des dirigeants des pays de ce groupe doit se tenir en mai à Hiroshima. À Sapporo (nord), l'envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, John Kerry, s'est dit "très inquiet" après avoir été informé de l'incident. Fumio Kishida "est un ami personnel et quelqu'un que j'admire beaucoup", a-t-il ajouté.