Un haut responsable birman a assuré mercredi que son pays allait faire rentrer en novembre un premier groupe de 2.000 Rohingyas réfugiés dans des camps au Bangladesh, une opération entourée d'interrogations.
En août 2017, sous la menace de l'armée et de milices boudhistes, plus de 720.000 Rohingyas, minorité musulmane apatride dans ce pays majoritairement bouddhiste, ont fui la Birmanie pour se réfugier au Bangladesh dans d'immenses campements de fortune.
Un deuxième contingent devrait suivre. Mercredi, le secrétaire permanent du ministère birman des Affaires étrangères Myint Thu a visité des camps à Cox's Bazar pour discuter de leur rapatriement avec des réfugiés. Ces derniers ont réitéré pour la plupart leur demande d'obtenir, avant leur retour, la nationalité birmane et la plénitude de leurs droits.
Myint Thu a indiqué que la Birmanie avait vérifié 5.000 noms sur une liste de 8.032 Rohingyas fournie en février par le Bangladesh. "Sur ces 5.000, il y aura un premier contingent de départs pour environ 2.000 (personnes). Et un deuxième contingent suivra. Donc, à la mi-novembre nous recevrons le premier contingent", a-t-il encore dit aux journalistes. Des responsables bangladais ont indiqué qu'une nouvelle liste de 24.342 Rohingyas avait été remise durant les entretiens cette semaine.
Le scepticisme des Rohingyas et des ONG. Des responsables rohingyas ont toutefois émis de sérieux doutes sur le retour annoncé. "Plutôt mourir dans les camps au Bangladesh. Nous ne reviendrons pas sans garantie de citoyenneté et des droits pleinement restaurés", a déclaré Abdul Hakim, un réfugié venu de l'État Rakhine en Birmanie.
L'ONU ainsi que les organisations humanitaires et même les autorités du Bangladesh insistent pour que tout retour s'effectue sur une base volontaire. Selon Rachael Reilly, porte-parole d'Oxfam, les réfugiés "veulent que justice soit faite et qu'il soit mis fin à la violence et à la discrimination qui ont provoqué cette crise". "Il est extrêmement inquiétant que les Rohingyas puissent être renvoyés en Birmanie pour y affronter les mêmes persécutions que celles qu'ils avaient fuies", a-t-elle ajouté.
En novembre 2017, la Birmanie et le Bangladesh avaient annoncé un plan de retour mais le processus était ensuite resté au point mort, les deux pays s'en rejetant mutuellement la faute.