En remportant douze sièges, un petit parti d'extrême droite, Vox, a fait dimanche une entrée en force au parlement d'Andalousie, une première en Espagne. Ces élections mettent fin à la domination de la gauche dans la région la plus peuplée du pays, une gifle pour le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
La gauche enregistre son pire résultat. Après dépouillement de plus de 99% des bulletins de vote, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) enregistre le pire résultat de son histoire en Andalousie, une région méridionale de 8,4 millions d'habitants. Il tombe de 47 à 33 sièges (sur 109). Ceux obtenus par ses alliés de la gauche radicale ne lui suffiront pas pour parvenir à la majorité absolue de 55 sièges sur 109 et donc pour former un gouvernement.
Marine Le Pen applaudit. Un parti d'extrême droite entre dans un parlement régional pour la première fois depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. Vox, né en 2013 et opposé à l'immigration illégale et à l'indépendantisme catalan, a dépassé les prévisions des sondages qui le créditaient au mieux de cinq sièges. Avant même la publication des premiers résultats, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (France, extrême droite), avait adressé dans un tweet "ses vives et chaleureuses félicitations" à ses "amis de Vox".
Mes vives et chaleureuses félicitations à nos amis de @vox_es qui, ce soir en #Espagne, font un score très significatif pour un jeune et dynamique mouvement. MLP #Andalousie Cc @Santi_ABASCAL
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 2 décembre 2018
Vers des législatives en 2019. La débâcle du PSOE en Andalousie est un camouflet pour Pedro Sanchez qui gouverne l'Espagne depuis six mois à peine avec une minorité de 84 sièges sur 350 à la chambre des députés. Il devrait convoquer des élections législatives dans l'année qui vient, sans doute après les élections municipales, régionales et européennes de mai prochain.
En s'alliant à Vox, la droite pourrait avoir une majorité. À droite, les conservateurs du Parti Populaire (PP) ont remporté 26 sièges, sept de moins qu'aux précédentes régionales en 2015, malgré tous les efforts de son nouveau chef Pablo Casado qui a succédé à l'ancien Premier ministre Mariano Rajoy cet été. En revanche le Parti libéral Ciudadanos (centre droit) bondit de neuf à 21 sièges mais sans parvenir à dépasser le PP. Mathématiquement, en s'alliant à Vox, les deux partis de droite auraient une majorité de gouvernement avec 59 sièges. Aucun parti n'a exclu cette alliance sans précédent.
"Alerte antifasciste". Les alliés naturels du PSOE, Adelante Andalucia (En avant Andalousie), variante locale de Podemos (gauche radicale), ne remportent que 17 sièges. "Alerte antifaciste", s'est exclamé le leader de Podemos Pablo Iglesias, appelant toutes les formations de gauche à se mobiliser "pour défendre les libertés, la justice sociale, la fraternité et en fin de compte la démocratie".
Vox fait campagne contre l'immigration illégale et pour l'interdiction des partis indépendantistes catalans. Il s'est joint à l'accusation dans le procès des indépendantistes accusés de "rébellion" pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne l'année dernière. Il veut même supprimer l'autonomie des régions au nom des économies budgétaires et de la défense de l'unité de l'Espagne et demande l'abolition de la loi contre la violence machiste, estimant qu'elle va trop loin dans le "politiquement correct".