Un Casque bleu a été tué et quatre blessés samedi par l'explosion d'une mine au passage de leur convoi dans le centre du Mali, a annoncé la Mission de l'ONU Minusma. Les victimes de l'attaque, qui s'est déroulée dans la matinée sur l'axe Douentza-Boni, proche de la frontière avec le Burkina-Faso, font partie du contingent égyptien de la force de l'ONU, a indiqué une source sécuritaire proche de la Minusma.
Cette attaque est intervenue au moment où le président Ibrahim Boubacar Keïta poursuit ses consultations pour désigner un nouveau Premier ministre, deux jours après la démission du gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. Le Premier ministre a jeté l'éponge moins d'un mois après la tuerie de quelque 160 civils peuls dans le centre du pays et une série de manifestations contre la gestion de l'Etat.
Faire "dérailler" le processus de paix au Mali
Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, "condamne fermement l'attaque lâche perpétrée contre un convoi de la Minusma qui a causé la mort d'un Casque bleu suite à l'explosion d'une mine ou d'un engin explosif (IED), sur l'axe Douentza-Boni ce matin", selon le communiqué. Un "bilan provisoire indique que quatre autres soldats de la paix ont été blessés", ajoute le texte, qui ne précise pas la nationalité des victimes. "Une force de réaction rapide a immédiatement été déployée", selon la même source.
"Les Casques bleus ont réagi de manière proactive et robuste, ce qui a permis de neutraliser et de détenir des assaillants", a affirmé le commandant de la force de l'ONU, cité dans le communiqué, Dennis Gyllensporre, sans donner plus de détails. "Cette attaque montre un fois de plus que l'action de la Minusma met en déroute les terroristes qui cherchent à tout prix à faire dérailler le processus de paix au Mali", a estimé Mahamat Saleh Annadif, en assurant que "ces criminels qui se tapissent dans l'ombre pour accomplir leur crime devront répondre de leur actes".
La Minusma, l'opération de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines
La Minusma est la plus coûteuse en vies humaines des opérations actuelles de maintien de la paix de l'ONU, avec plus de 190 morts depuis son déploiement en 2013, dont près de 120 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des Casques bleus tués dans le monde depuis cinq ans. En janvier, 11 casques bleus tchadiens ont été tués au cours de l'engagement le plus grave pour les forces de l'ONU. Trois Casques bleus guinéens en permission ont été tués le 23 février par des bandits présumés sur une route menant de la capitale Bamako en Guinée voisine.
Conflits intercommunautaires
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l'application accumule les retards. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires.