Le flux de migrants ne faiblit pas et les Européens avancent en ordre dispersé face au phénomène. La Slovénie a installé des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait qu'elle rétablissait des contrôles à ses frontières, dans l'espoir là aussi de freiner les arrivées. Pour établir une réponse coordonnée, les pays européens se retrouvent jeudi à Malte pour un sommet extraordinaire sur la question. L'objectif : parvenir à marcher tous ensemble, et si possible main dans la main avec la Turquie et l'Afrique, dont de nombreux pays seront présents.
La déclaration commune. Dans une déclaration commune qu'ils doivent signer jeudi, Européens et Africains s'engagent à "gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects", selon un projet de texte obtenu par l'AFP. La cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette (la capitale de Malte) doit également souscrire à un plan d'action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants. La Commission européenne met notamment sur la table 1,8 milliard d'euros, un montant qu'elle espère voir doubler avec la contribution des 28 Etats membres de l'UE.
Ce que demandent les Africains. Au-delà de la question syrienne, c'est l'ensemble du problème migratoire qui sera abordé. Les pays Africains réclament ainsi à l'Europe davantage de visas dans le cadre d'une migration légale, que de nombreux pays de l'UE rechignent à accepter. "La situation actuelle interpelle nos partenaires européens sur l'urgence de promouvoir la migration légale et la mobilité entre nos deux continents", a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara.
Ce que demandant les Européens. Les Européens ont répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains. En contrepartie, les pays de l'UE veulent que leurs homologues africains les aident à renvoyer les migrants africains jugés indésirables sur le Vieux Continent. Le plan d'action proposera de favoriser la venue en Europe d'officiers d'immigration africains, chargés d'aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L'objectif est de mettre en place des expérimentations dès l'an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.
"Pour garder les portes ouvertes pour les réfugiés et les migrants légaux, les migrants illégaux doivent être renvoyés de manière effective et rapide", a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n'est pas possible, les départs forcés sont un "pré-requis pour une politique migratoire efficace", a-t-il ajouté.
Un deuxième sommet dans la foulée. Le sommet doit prendre fin à la mi-journée et sera immédiatement suivi d'un autre, entre seuls Européens, surtout focalisé sur les discussions en cours avec la Turquie, autre pays-clé dans la stratégie européenne visant à limiter les arrivées de réfugiés et de migrants. La Commission européenne avait annoncé il y a quelques semaines avoir jeté les bases d'un plan commun d'action, mais Ankara, qui a des exigences, avait douché son optimisme en disant que ce plan était encore loin d'être acquis.
"Les Etats membres veulent savoir où on en est exactement avec la Turquie", explique une source européenne, indiquant que le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, se chargerait de leur faire un point précis sur la situation mercredi en se rendant à Malte après un déplacement en Turquie. "Il pourrait y avoir une demande d'organiser un sommet UE-Turquie", a précisé cette source.