Il est de tous les combats menés par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et le G20 depuis 2008 contre l'évasion fiscale. Pascal Saint-Amans, directeur fiscal de l'OCDE est l'invité de David Abiker samedi, dans l'émission C'est arrivé cette semaine. Pour Europe 1, il décrypte le scandale mondial d'évasion fiscale des Panama papers. "Cela ne nous a absolument pas surpris parce que cela se passe dans le pays qui a refusé de coopérer avec le reste du monde. Panama serait-il le dernier bastion, en perdition, de l'évasion fiscale ?
"Changements de législations". Ce que montre l'affaire Panama leaks selon le spécialiste, c'est un recul de l'offshore et une concentration sur un territoire, notamment au Panama. "On a aussi des interrogations assez sérieuses sur les Bahamas, les émirats arabes unis, le Guatemala, Nauru, Bahreïn. Mais ce ne sont pas des places financières majeures à la différence de Panama." Le Luxembourg, la Suisse sont-ils transparents ? "Il y a des engagements sur des standards internationaux et des changements de législation. Il peut toujours y avoir des cabinets d'avocats et des institutions financières qui ne respectent pas les règles du jeu. Mais depuis 2008, c'est devenu illégal, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de braqueurs de banques mais il y a une vraie avancée."
"50 milliards d'euros d'impôts collectés". Au cours des deux dernières années, Pascal Saint-Amans a noté des progrès au Panama, mais très limités. "Juste assez pour recevoir quelques reconnaissances mais en fait ils ne sont jamais allés plus loin. Panama a la particularité d'avoir un canal et pas mal d'appels d'offres, qui leur permet d'attirer des affaires." Mais le spécialiste se défend de l'inefficacité du processus de clarification. "Au cours des trois, quatre dernières années, dans le monde entier, un demi million de personnes qui avaient des comptes offshore les ont déclarés. 50 milliards d'euros d'impôts ont été collectés par une vingtaine de pays. En France, c'est 6 milliards. Des banques suisses ont fermé des comptes. Ceux qui ne veulent pas déclarer vont où ? Au Panama."
"Fin du mécanisme de rétention". Parmi les noms éclaboussés par le scandale Panama papers, celui de David Cameron, Premier ministre anglais et la banque française Société générale. Comment est-ce possible ? "Je l'explique assez mal, avoue Pascal Saint-Amans. Mais les choses ont évolué", martèle-t-il. Puisque l'origine du scandale vient de la presse et d'un lanceur d'alerte et non d'une enquête, il est légitime de se demander si les institutions ne sont pas dépassées. " La lutte efficace contre l'évasion fiscale a commencé en 2008, insiste l'homme. Il y a eu des fuites. Je crois qu'on est à la fin du mécanisme de rétention. Le dernier pays à ne pas avoir bougé, Panama, est victime d'une fuite", conclut-il.