Référendum : la Grèce a dit non. Et maintenant ?

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RÉFÉRENDUM - Invitée à se prononcer sur le paquet de réformes proposées par ses créanciers, la Grèce a voté non. Si le résultat du référendum est clair, la suite des évènements est des plus incertaines.

Les résultats définitifs du référendum sont tombés : le "non" aux exigences austéritaires des créanciers l'a emporté en Grèce, à 61,31%. Invités à se prononcer sur le paquet de réformes proposées par leurs prêteurs en échange d'un nouveau plan d'aide, le peuple a donc demandé une nouvelle base de négociation. Un résultat synonyme de saut dans l'inconnu car les Européens sont divisés sur la réponse à apporter aux Grecs.

Un retour à la table des négociations. Le non au référendum en Grèce ne signifie pas "une rupture avec l'Europe mais "le renforcement de notre pouvoir de négociation" avec les créanciers, UE et FMI, a affirmé dimanche soir le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Un message bien entendu, puisque la France et l'Allemagne ont demandé dimanche soir l'organisation d'un sommet de la zone euro mardi prochain. 

La mise en place d'une monnaie transitoire ? Mais de telles négociations prendront du temps et c'est justement ce qui manque à Athènes, en défaut de paiement vis-à-vis du FMI et peut-être bientôt vis-à-vis de la Banque centrale européenne (BCE). Le 20 juillet, un important prêt envers la BCE arrive à échéance. Et pour éviter une faillite totale de son système financier pendant qu'elle renoue le dialogue avec ses créanciers, Athènes a  annoncé dimanche soir avoir demandé à la BCE de relever l'aide d'urgence aux banques grecques. Cette dernière leur permettrait d'obtenir un niveau minimum de liquidités afin de continuer à faire tourner le pays au ralenti. Et lancer un nouveau round de négociations.

Dans le cas contraire, Athènes pourrait se voir contrainte de mettre en place des "IOU", sorte de reconnaissances de dette qui font office de monnaie transitoire, pour palier le manque de liquidité. 

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© PHILIPPE HUGUEN/AFP

L'Europe divisée. La victoire du "non" pose de nombreuses questions car si Alexis Tsipras veut renouer le dialogue, ses interlocuteurs sont, eux, très divisés. D'un côté, on retrouve les partisans de nouvelles discussions avec Athènes, Italie et France en tête. François Hollande, qui rencontrera Angela Merkel lundi, s'est entretenu avec le Premier ministre grec dimanche. Voilà les phrases prononcées par le président français, qui veut enrôler le rôle de médiateur : "On respecte le vote des Grecs, tu me dis que tu ne veux pas sortir de l'euro, soit, mais j'attire ton attention sur le fait que beaucoup de pays d'Europe du Nord sont très remontés. Je sui prête à t'aider mais il faut que tu me laisses t'aider".

Du côté de l'Europe du Nord et de l'Est, le ton est bien différent. De nouvelles négociations avec la Grèce "difficilement imaginables" après le non, a prévenu dimanche soir le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, pourtant membre de la gauche allemande. La victoire du non est "très regrettable pour l'avenir de la Grèce", a de son côté réagi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Pour tenter d'apaiser les tensions dans les négociations, le ministre des Finances Yanis Varoufakis a annoncé sa démission lundi matin.  

"Tsipras surestime la patience de ses interlocuteurs", analyse au micro d'Europe 1 Yves Bertoncini, le directeur de l'Institut d'étude sur l'Europe Jacques Delors. Qui poursuit : "la Grèce a en face d'elle trois camps : les riches (l'Allemagne, la Finlande, l'Autriche...), qui en ont marre d'aider tout le monde. Ceux qui se sont appauvris, qui ont fait des efforts, et se demandent pourquoi les Grecs n'en feraient pas autant (Espagne, Portugal). Et il y a les pauvres, les pays de l'Europe centrale, encore plus pauvres que la Grèce, qui ne comprennent pas pourquoi ils prêtent de l'argent qui ne sert à rien".  

Les trois hypothèses possibles. Si la ligne dure l'emporte parmi les créanciers, ces derniers pourraient proposer la même feuille de route que celle rejetée par les Grecs, à peine amendée. En cas de refus grec, Athènes serait alors exclue de la zone euro ou placé dans un statut monétaire hybride.

>> Selon Nicolas Barré, à court terme, ce serait "très catastrophique" :


Grèce : et maintenant, que va-t-il se passer ? par Europe1fr

Si les partisans du dialogue l'emportaient parmi les créanciers, les négociations pourrait repartir sur de nouvelles bases, ce qui prendrait du temps et nécessiterait que le gouvernement Tsipras arrive à convaincre ses interlocuteurs du bien fondé de ses réformes (moins d'austérité, une politique de relance, une négociation sur la dette).

Le scénario intermédiaire serait de reprendre les discussions là où elles s'étaient arrêtées en acceptant quelques modifications mais surtout en accédant à une demande d'Athènes : ouvrir le dossier de la dette pour négocier une restructuration, voire un effacement partiel.