Le rapprochement est historique. Vendredi, les dirigeants des deux Corées, Kim Jong Un au nord et Moon Jae-in au sud, se sont engagés à œuvrer en faveur de la dénucléarisation, lors d'un sommet dans la Zone démilitarisée. Un accord symbolique qui semblait encore illusoire il y a quelques mois. "Ce n'est pas un revirement", explique pourtant sur Europe 1 Juliette Morillot, spécialiste de la Corée du Nord. "Kim Jong Un sait exactement où il va".
Une "volonté sincère des deux côtés". Si quelques observateurs préfèrent rester prudents pour l'heure, Juliette Morillot refuse d'y voir une partie de poker menteur. "La volonté est véritablement sincère des deux côtés", croit savoir la journaliste et historienne, qui a notamment co-écrit Le monde selon Kim Jong Un. "Il ne faut pas oublier que les deux Corées étaient en état de guerre et qu'elles veulent l'une comme l'autre ce traité de paix", souligne-t-elle dans Europe Soir.
"C'est maintenant celui qui apporte la paix". Les essais nucléaires et les tests de missiles balistiques à répétition, y compris en 2017, n'auraient ainsi été que le premier volet de la stratégie de Pyongyang. "C'était parfaitement rationnel. Après s'être posé comme celui qui était capable de défendre son pays contre les États-Unis, c'est maintenant celui qui apporte la paix. Tout cela est très logique", affirme Juliette Morillot. "Et maintenant, ils ont l'arme nucléaire, ce qui leur permet de faire ce qu'ils ont toujours voulu faire, c'est-à-dire parler d'égal à égal avec les États-Unis", continue la spécialiste, rappelant ainsi que le sommet de vendredi doit être le prélude d'un face à face très attendu entre Kim et le président américain Donald Trump.
Le plan de Kim : diplomatie et économie. "Kim Jong Un a un plan qui n'est pas très caché, qu'il répète depuis des années, mais que la communauté internationale n'a pas voulu voir. Et paradoxalement, Trump a mis un coup de pied dans la fourmilière et Kim Jong-Un sait exactement où il va. Il veut des relations diplomatiques avec le reste du monde et une économie qui se développe, qui change", lance-t-elle. Des "énormes" changements qu'elle a déjà pu apercevoir lors de son précédent voyage à Pyongyang, en novembre dernier. "On voit que la Corée du nord va mieux. Ça s'est construit énormément, vous avez des poches d'économies libérales qui sont littéralement encouragées par le gouvernement, qui est en train d'opérer de réelles réformes…", décrit-elle. Autant de bouleversements qui, là encore, semblaient inimaginables il y a seulement quelques mois.