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Syrie : ce qu’il faut retenir de la chute du régime de Bachar al-Assad

Europe 1 avec AFP . 12 min

Les groupes rebelles qui ont pénétré dimanche dans la capitale syrienne ont annoncé la "fuite" du "tyran" Bachar al-Assad, appelant les Syriens exilés à l'étranger à rentrer dans une "Syrie libre" et proclamant "Damas libre de la tyrannie".

Des foules de Syriens ont célébré dimanche la chute de Bachar al-Assad, renversé par une offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux, qui plonge le pays dans l'incertitude après un demi-siècle de règne du clan Assad.

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Les principales informations :

  • A Damas, une salle de réception du palais présidentiel a été incendiée.
  • A travers le pays, d'autres manifestants ont déboulonné les statues d'Assad père et fils, comme à Hama, dans le centre, à Alep, dans le nord, ou à Deraa, dans le sud.
  • A la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du "tyran" et la "libération" de Damas.
  • La guerre civile a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011.
  • Bachar al-Assad a quitté le pays en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique".
  • La télévision d'Etat iranienne a annoncé dimanche, images à l'appui, que l'ambassade d'Iran en Syrie avait été saccagée.
  • Les rebelles ont annoncé un couvre-feu à Damas de dimanche après-midi jusqu'à lundi à l'aube.
  • Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas où il a prononcé un discours.
  • Joe Biden va réunir dimanche ses conseillers pour évoquer la situation en Syrie.
  • 910 morts dont 138 civils depuis le début de l'offensive rebelle.
  • Joe Biden va s'exprimer dimanche à 18H00 GMT sur la situation en Syrie.
  • Bachar al-Assad et sa famille se trouvent à Moscou, selon les agences russes.
  • Les rebelles syriens ont "garanti la sécurité" des bases militaires russes en Syrie.
  • Les Etats-Unis ont mené dimanche "des dizaines de frappes aériennes" dans le centre de la Syrie visant "plus de 75 cibles" du groupe Etat islamique (EI).

Les Etats-Unis ont mené des frappes aériennes sur plus de 75 cibles de l'EI en Syrie

Les Etats-Unis ont mené dimanche "des dizaines de frappes aériennes" dans le centre de la Syrie visant "plus de 75 cibles" du groupe Etat islamique (EI), a annoncé le Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient.

"Il ne doit y avoir aucun doute: nous ne laisserons pas l'EI se reconstituer et tirer profit de la situation actuelle en Syrie", a déclaré le général Michael Erik Kurilla dans le communiqué du Centcom, après une offensive éclair de groupes rebelles qui a provoqué la chute du président Bachar al-Assad.

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Bachar al-Assad n'a "jamais demandé" d'aide à l'Iran contre les rebelles, selon Téhéran

Le président syrien déchu Bachar al-Assad n'a "jamais demandé" d'aide à l'Iran, son principal soutien avec la Russie, pour combattre l'offensive rebelle, a affirmé dimanche le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi.

Le gouvernement syrien "ne nous a jamais demandé de l'aider" sur le plan militaire, a déclaré M. Araghchi à la télévision d'Etat, précisant avoir été "surpris" par la "rapidité" de l'offensive rebelle et "l'incapacité" de l'armée syrienne à la repousser.

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Les rebelles ont "garanti la sécurité" des bases militaires russes

Les rebelles syriens, qui ont fait chuter avec leur offensive éclair le pouvoir de Bachar al-Assad, ont "garanti la sécurité" des bases militaires russes en Syrie, a indiqué dimanche aux agences russes une source au Kremlin.

"Les responsables russes sont en contact avec les représentants de l'opposition armée syrienne, dont les dirigeants ont garanti la sécurité des bases militaires et des institutions diplomatiques russes sur le territoire de la Syrie", a déclaré cette source aux agences de presse publiques TASS et Ria Novosti.

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La chute de Bachar al-Assad représente une "opportunité historique" pour les Syriens, affirme Biden

Le président américain Joe Biden a salué dimanche la chute du pouvoir en Syrie de Bachar al-Assad en affirmant qu'elle représentait une "opportunité historique" pour les Syriens.

"Enfin, le régime d'al-Assad est tombé", a déclaré Joe Biden lors d'une allocation à la Maison Blanche, évoquant "un acte fondamental de justice" et une "opportunité historique" pour les Syriens de "construire un meilleur avenir", tout en avertissant contre "les risques et l'incertitude" qui découlent de la situation.

Bachar al-Assad et sa famille se trouvent à Moscou, selon les agences russes

Le dirigeant syrien Bachar al-Assad et sa famille se trouvent à Moscou, ont annoncé dimanche soir les agences de presse russe, citant une source au Kremlin, après la chute des autorités syriennes provoquée par une offensive éclair de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux.

"Assad et les membres de sa famille sont arrivés à Moscou. La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l'asile", a indiqué cette source aux agence de presse publiques TASS et Ria Novosti.

Joe Biden va s'exprimer sur la situation en Syrie à 18H00 GMT

Joe Biden va s'exprimer dimanche à 18H00 GMT sur la situation en Syrie, a annoncé la Maison Blanche, après la chute des autorités de Bachar al-Assad provoquée par une offensive éclair de groupes rebelles. La Maison Blanche avait annoncé auparavant que le président américain tiendrait dans la matinée une réunion avec ses conseillers sur la situation.

910 morts dont 138 civils depuis le début de l'offensive rebelle

Plus de 900 personnes, dont 138 civils, ont été tuées depuis le début de l'offensive rebelle en Syrie le 27 novembre, qui a fait chuté le président Bachar al-Assad après 13 ans de guerre civile, a indiqué une ONG. "A la suite des combats pour renverser Assad, 910 personnes ont été tuées: 392 rebelles, 380 membres des forces du président renversé Assad et de ses alliés, et 138 civils", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Joe Biden va tenir une réunion sur la situation en Syrie

Joe Biden va réunir dimanche ses conseillers pour évoquer la situation en Syrie, a annoncé un porte-parole de la Maison Blanche, après une offensive éclair de groupes rebelles qui a provoqué la chute du régime de Bachar al-Assad.

"Le président va rencontrer les membres de son équipe à la sécurité nationale pour être tenu au courant des développements de la situation en Syrie", a déclaré sur X Sean Savett, un porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Des bâtiments d'organes de sécurité en flammes à Damas

Des incendies se sont déclarés dimanche dans des bâtiments d'organes de sécurité à Damas visés par des frappes israéliennes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Des flammes se sont élevées de la zone abritant notamment les sièges de services de renseignement et un bâtiment d'une branche de la sûreté criminelle a brûlé, selon des journalistes de l'AFP sur place. "Des frappes israéliens ont ciblé un complexe de sécurité à Damas", a indiqué l'OSDH.

Le chef des rebelles syriens à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas

Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas où il a prononcé un discours, après avoir ravi la capitale aux forces de Bachar al-Assad, selon un photographe de l'AFP sur place.

Au moment d'entrer dans la mosquée emblématique située dans la vieille ville de Damas, le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a été accueilli par une foule qui scandait "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand), selon des vidéos qui circulent dans les médias.

Les rebelles annoncent un couvre-feu à Damas jusqu'à lundi à 05H00 (02H00 GMT)

Les rebelles ont annoncé un couvre-feu à Damas de dimanche après-midi jusqu'à lundi à l'aube, quelques heures après avoir pris la capitale syrienne aux forces du président Bachar al-Assad.

Les factions rebelles emmenées par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ont déclaré sur leur chaîne Telegram un "couvre-feu à Damas de 16H00 (13H00 GMT) dimanche à lundi 05H00 du matin (02H00 GMT)".

Un groupe armé a volé 3 voitures à la résidence de l'ambassadeur italien à Damas

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré dimanche qu'un "groupe armé" avait pénétré dans le jardin de la résidence de l'ambassadeur d'Italie à Damas et volé trois voitures.

"Ce matin, un groupe armé a pénétré dans le jardin de la résidence de l'ambassadeur d'Italie (...) et ils ont emporté trois voitures", a dit Antonio Tajani à des journalistes à l'issue d'une réunion de crise de son ministère sur la situation en Syrie, précisant qu'aucune violence n'avait été commise pendant cet incident.

Les talibans "félicitent" le peuple et les rebelles syriens après la chute d'Assad

Les talibans ont "félicité" dimanche le peuple et les rebelles syriens après la chute du président Bachar al-Assad, disant espérer "une transition du pouvoir menée selon les aspirations du peuple syrien" et la fin des ingérences étrangères.

"Nous exprimons l'espoir que le processus de transition du pouvoir sera mené selon les aspirations du peuple syrien, ouvrant la voie à un gouvernement indépendant, servant (le peuple) et islamique", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous encourageons l'adoption d'une politique étrangère constructive, permettant à la Syrie d'avancer sans ingérence extérieure".

Les nouveaux dirigeants doivent s'assurer que "les atrocités ne se répètent jamais plus"

Les enquêteur des Nations unies sur les crimes de guerre en Syrie on salué dimanche la chute de Bachar al-Assad mais ont appelé à ce que les "atrocités" commises par son régime ne se "répètent plus jamais".

"Cette journée marque un nouveau départ historique pour le peuple syrien qui a subi une violence et des atrocités indescriptibles dans les 14 dernières années", a déclaré la Commission d'enquête des Nations unies sur la Syrie dans un communiqué, évoquant en particulier le sort des détenus. "Il revient à ceux qui seront aux responsabilités désormais de s'assurer que de telles atrocités ne se répètent jamais plus derrière les murs de (la prison de) Sednaya ou de tout autre centre de détention en Syrie", aont-ils ajouté.

Une salle de réception du palais présidentiel incendiée

A Damas, une salle de réception du palais présidentiel a été incendiée, tandis que des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont pénétré dans la résidence fastueuse du président déchu, qui venait d'être prise par les rebelles et pillée dans un quartier huppé de la ville, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Dans le centre de Damas, des Syriens ont renversé et piétiné une statue du père de Bachar al-Assad, Hafez, qui a dirigé le pays depuis 1971 jusqu'à sa mort en 2000, selon des images de l'AFP. Le Kremlin, son principal allié, a annoncé que Bachar al-Assad avait quitté la Syrie.

Les statues d'Assad père et fils déboulonnées

A travers le pays, d'autres manifestants ont déboulonné les statues d'Assad père et fils, comme à Hama, dans le centre, à Alep, dans le nord, ou à Deraa, dans le sud. Sur la place des Omeyyades à Damas, les tirs d'armes à feu en signe de joie se mêlaient aux cris "d'Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand").

"On attendait ce jour depuis longtemps", a déclaré Amer Batha, joint au téléphone par l'AFP depuis cette place. "Je n'arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant", lâche ce Syrien qui fond en larmes : "C'est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie".

La guerre civile a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011

A la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du "tyran" et la "libération" de Damas. Ils ont dit avoir libéré tous les prisonniers "injustement détenus" et appelé à sauvegarder les biens de l'Etat syrien "libre". L'effondrement presque instantané du régime ouvre une ère d'incertitude en Syrie, morcelée par la guerre civile qui a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011 et livrée à des groupes soutenus par différentes puissances étrangères.

"Après 50 ans d'oppression (...) et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements, nous annonçons aujourd'hui la fin de cette ère sombre et le début d'une nouvelle ère pour la Syrie", ont déclaré les rebelles.

"La Syrie est à nous"

"La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad", scandaient des rebelles armés qui sillonnaient les rues de Damas, tirant en l'air. Les soldats de l'armée syrienne se débarrassaient à la hâte de leur uniforme, en sortant du siège de l'état-major sur la place des Omeyyades, ont raconté à l'AFP des habitants.

L'émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a appelé à garder des "espoirs prudents" après la prise de Damas, qu'il a qualifiée de "moment décisif". Tout en saluant la chute de Bachar al-Assad, plusieurs pays ont exhorté les Syriens à éviter le piège de l'extrémisme, comme l'Allemagne et la France qui a appelé "tous les Syriens à l'unité, à la réconciliation, et à rejeter toute forme d'extrémisme".

Les réactions internationales s'enchaînent 

"L'Etat de barbarie est tombé", a lancé le président français, Emmanuel Macron. Il faut empêcher la Syrie de "sombrer dans le chaos", a prévenu le Qatar. La Turquie, très influente en Syrie où elle soutient certains groupes rebelles, a appelé les pays de la région et au-delà à assurer une "transition en douceur" et dit être en contact avec les rebelles pour garantir la sécurité.

La nouvelle administration syrienne ne doit pas "constituer une menace" pour les pays voisins, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. Des millions de déplacés syriens "peuvent retourner sur leurs terres", a-t-il affirmé.

Procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique

Bachar al-Assad a dirigé d'une main de fer la Syrie pendant vingt-quatre ans, réprimant en 2011 dans le sang des manifestations prodémocratie qui se sont transformées en guerre civile.

Selon la diplomatie russe, "suite aux négociations entre Bachar al-Assad avec un certain nombre de participants au conflit", "il a décidé de démissionner de son poste présidentiel et a quitté le pays en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique".

 

"Les événements extraordinaires" en cours en Syrie, sont suivis "attentivement" par le président américain, Joe Biden, selon la Maison blanche.

L'ambassade d'Iran en Syrie saccagée

Face à l'offensive rebelle déclenchée le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, le soutien de Moscou, dont les troupes sont mobilisées par la guerre en Ukraine, s'est effrité tout comme celui de l'Iran et du mouvement islamiste libanais Hezbollah, sortis affaiblis de la guerre au Liban, laissant le régime isolé.

La télévision d'Etat iranienne a annoncé dimanche, images à l'appui, que l'ambassade d'Iran en Syrie avait été saccagée. Le quotidien anglophone Tehran Times a rapporté que les diplomates "avaient évacué les locaux avant l'assaut".

"Rentrer en Syrie libre"

En quelques jours, devant l'effondrement des forces gouvernementales, les rebelles menés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, ont conquis de vastes territoires et les grandes villes d'Alep et de Hama. Ils ont annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir pris le contrôle de Homs, la troisième ville du pays au nord de Damas, puis être entrés dans la capitale.

Les rebelles ont lancé un appel "pour rentrer en Syrie libre" aux Syriens déplacés à l'étranger par la guerre civile. HTS, en rupture avec le jihadisme d'Al-Qaïda, tente depuis plusieurs années de proposer une alternative politique dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, qu'il contrôle depuis 2019, sans réellement convaincre les chancelleries occidentales.

"Passation officielle"

Dans une vidéo publiée sur Facebook, le Premier ministre syrien, Mohamed al-Jalali, s'est dit prêt à coopérer avec tout nouveau "leadership" choisi par le peuple. Le chef de HTS, Abou Mohammad al-Jolani, a appelé ses combattants à ne pas s'approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrôle du Premier ministre jusqu'à la "passation officielle"

Au sud de la capitale, près de la frontière jordanienne, les troupes gouvernementales ont aussi perdu le contrôle de la ville de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, au profit de forces locales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dans l'est du pays, dans la province de Deir Ezzor, les forces gouvernementales se sont retirées de territoires sous leur contrôle et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes s'y sont déployées.

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