Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi l'Union européenne et les Etats-Unis à "se mêler de leurs affaires", après les critiques des Occidentaux envers la répression qui frappe les personnes suspectées dans la tentative ratée de coup d'Etat.
Abandon des poursuites contre des insultes le visant. "Certains nous donnent des conseils. Ils se disent inquiets. Mêlez-vous de vos affaires !" a déclaré Recep Tayyip Erdogan depuis le palais présidentiel. Il a ajouté que dans un geste de bonne volonté il abandonnait des centaines de poursuites en justice lancées contre des personnes accusées de l'avoir insulté. Un des leaders de l'opposition est notamment poursuivi pour insulte.
18.000 personnes en garde à vue depuis le putsch. A ce jour, plus de 18.000 personnes ont été mises en garde à vue à un moment donné à la suite du putsch. Près de 10.000 d'entre elles sont poursuivies et placées en détention préventive, a dit le ministre de l'Intérieur turc vendredi, et 3.500 ont été libérées. Plus de 130 médias ont été fermés et près de la moitié des généraux de l'armée ont été démis après le putsch raté de la nuit du 15 au 16 juillet qui a fait 270 morts.
Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a dénoncé jeudi des purges qui "dépassent toute mesure" , estimant qu'"on ne pouvait se taire" face à l'ampleur des arrestations. L'Union européenne a également mis en garde implicitement la Turquie contre un gel des négociations d'adhésion du pays à l'UE si les poursuites contre les putschistes ne se font pas dans le respect de l'Etat de droit.
L'armée "nettoyée". Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a de son côté affirmé que l'armée avait été "nettoyée" de tous les éléments liés au prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être derrière la tentative de coup d'Etat. "Nous avons nettoyé toute l'armée des éléments FETO qui s'étaient déguisés en soldats", a-t-il déclaré dans un discours, lui aussi au palais présidentiel, utilisant l'acronyme par lequel le pouvoir turc désigne l'organisation de Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis.