"Collier d'immunité", "épreuve des poteaux", ou encore "vote du conseil"... Au bout de bientôt 20 ans de diffusion, le vocabulaire de Koh-Lanta est rentré dans le quotidien des Français. Mais tout cela aurait pu ne jamais exister… Dans La France bouge, la journaliste Dora Nanaa retrace la success story de l'émission d'aventure lancée en 2001 par TF1, avec le directeur général de la chaîne Gilles Pélisson et Denis Brogniart, qui anime Koh Lanta depuis la deuxième saison.
Un flop en Angleterre
Vendredi soir se tient la finale de la 21ème saison de Koh Lanta. L'émission d'aventure mythique de TF1 a pourtant failli ne jamais voir le jour en France. Si son succès ne se dément aujourd'hui plus, ce n'est pas le cas de son émission-mère britannique, The Survivor, créée par le producteur Charlie Parsons en 1992. La première saison en Angleterre est un flop. Et la sentence est irrévocable : l'émission est déprogrammée.
Son créateur n'abdique pas devant cet affront et croit au succès de son émission. À raison. "La grande réussite de Charlie Parsons, c'est qu'il vend le projet aux Etats-Unis. Et très vite, bien avant que l'émission Koh Lanta n'existe en France, ça devient un vrai succès là-bas", explique Denis Brogniart sur Europe 1. "Et ça continue de perdurer. Je crois qu'ils en sont pratiquement à la 40e saison", ajoute-t-il.
En France, le succès arrive aussi rapidement et l'audience progresse saison après saison. Au début du moins, avant de connaître une petite érosion. Mais l'émission a appris à se renouveler pour durer. "On est passé à trois équipes, puis on a introduit une quatrième équipe", rappelle Gilles Pélisson. "Donc effectivement, on renouvelle un peu le genre."
Des nouveautés qui ont permis à Koh Lanta de dépasser les difficultés, tels les gagnants de l'épreuve des poteaux : le jeu aurait pu s'arrêter en 2013, après le décès de l'un des candidats et le suicide du médecin de l'équipe.
>> LIRE AUSSI - Les émissions télé préférées des Français sont…
La force d'un programme où l'on se projette
En France, Koh Lanta compte désormais 21 saisons, et la 22ème entrera bientôt en tournage. Pour son présentateur, l'une des raisons de cette réussite, c'est la possibilité d'identification du programme : les téléspectateurs se retrouvent dans les aventuriers du bout du monde. "On regarde Koh Lanta et on se dit : 'Lui, je l'aime bien, lui, je l'aime moins. Lui m'impressionne, il me ressemble. Il ressemble à mon fils", illustre Denis Brogniart.
Selon lui, les téléspectateurs se projettent ainsi aisément dans l'émission. "On peut être en train de manger une pizza ou des sushis avec ses enfants, avec ses parents, avec ses grands-parents et partager cette aventure à travers la télévision", explique-t-il. "Ce sont des gens qui viennent de toute la France, de tous les milieux socioculturels, de tous les milieux socioprofessionnels. Vous êtes un parmi eux et vous vous dites 'Qu'est-ce que je ferais à leur place ?'. Et c'est ce qui fait la force de ce programme. Et, je crois, aussi sa longévité."
Cette force de Koh Lanta a particulièrement joué pendant le premier confinement, où les Français rêvaient des grands espaces offerts aux aventuriers. Ils ont alors plébiscité l'émission, qui a achevé sa transformation en phénomène de société. Et ce succès perdure. Vendredi dernier, Koh Lanta a encore réuni 6,3 millions de téléspectateurs, et plus de 40% des femmes de moins de 50 ans présentes devant leur écran ce soir-là.
Une invitation au voyage
Ce que les téléspectateurs apprécient aussi dans le programme, c'est la beauté de lieux de tournage lointains. Surtout quand on est enfermés chez soi. Koh Lanta devient alors une agence de voyage par procuration. "On est allés aux Fidji plusieurs saisons. Personne ou presque parmi les Français n'est allé un jour aux Fidji, peut-être que ça donne des envies", espère Denis Brogniart. "On est allés en Nouvelle-Calédonie, aux Philippines, au Cambodge, au Viêtnam, au Panama, au Costa Rica, en Micronésie, au Vanuatu et j'en oublie. Les gens voyagent avec nous."
L'année prochaine, TF1 continuera de faire rêver les Français, avec cette fois une destination pourtant bien de chez nous. "Le fait de pouvoir aller en France, en Polynésie, sur la petite île de Tara, ce sera aussi pour beaucoup de nos concitoyens, je pense, le bonheur de retrouver Koh-Lanta dans des lieux français", croit savoir Gilles Pélisson, évoquant la prochaine saison.
On espère simplement que les épreuves d'immunité ne deviendront pas en 2021 encore plus complexes qu'elles ne le sont déjà.