Le vote était sans suspense. La motion de censure déposée contre le gouvernement a été rejetée jeudi par l'Assemblée nationale. Le texte déposé par l'UMP et l'UDI n'a recueilli que 234 voix, alors qu'il devait en recueillir au moins 289 pour être adopté. Conséquence de l'utilisation de l'article 49-3, le projet de loi Macron est adopté par l'Assemblée nationale, en attendant son passage au Sénat.
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L'UMP unanime, pas l'UDI. Tous les députés UMP ont apporté leur voix à la motion de censure. Le texte avait été cosigné par le groupe UDI, mais sept députés UDI ne l'ont pourtant pas voté. Par ailleurs, six des dix députés Front de gauche, une député apparentée écologiste (Isabelle Attard) et six députés non-inscrits - dont les deux FN - ont voté la motion de censure.
Jacob dénonce "une succession de faux pas". Le gouvernement de Manuel Valls reste donc en place. Le débat qui a précédé le vote n'en a pas moins été un mauvais moment à passer pour le Premier ministre, dont les oreilles ont sifflé face aux attaques répétées de l'opposition. Christian Jacob, président du groupe UMP, a dénoncé à la tribune l'"incapacité à réformer" du gouvernement. "Votre bail à Matignon est une succession de faux pas", a-t-il lancé à Manuel Valls. "Vous êtes à la merci de votre majorité, vous ne tenez plus le manche, vous ne pilotez plus". Le patron a fustigé le recours au 49-3, "l'arme qu'utilisent les faibles", accusant le Premier ministre de vouloir "durer pour construire (son) image personnelle".
"Votre politique économique et sociale est un échec total", a encore affirmé Christian Jacob. "Votre gouvernement n'est pas à la hauteur des responsabilités historiques qui sont les nôtres". Pour lui, c'est entendu : "le 22 mars, dans les urnes, aux élections départementales, les Français vous censureront". Christian Jacob a enfin appelé François Hollande à "renvoyer les députés devant leurs électeurs". "Vous verrez alors ce que réellement vous pesez dans le pays", a-t-il conclu.
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"Le quinquennat s'est arrêté mardi à 16h25". Le président du groupe UDI s'est lui aussi livré à une attaque en règle du gouvernement. Philippe Vigier a vu le recours au 49-3 comme "un aveu d'échec". "M. le Premier ministre, n'êtes-vous pas quelque part l'otage de votre majorité ?", a-t-il demandé. "Votre majorité est dans l'impasse, vous êtes dans l'impasse. Vous ne pouvez mener à bien les réformes indispensables au redressement du pays", a insisté Philippe Vigier, pour qui "le quinquennat s'est donc arrêté mardi à 16h25".
Le Front de gauche vote majoritairement la censure. Le chef de file des députés du Front de gauche, André Chassaigne, a justifié le vote de six des dix membres de son groupe en faveur d'une motion pourtant déposée par la droite. Dénonçant "un déni de démocratie" avec l'emploi du 49-3, il a fustigé "la dérive libérale" du gouvernement, l'accusant de "tourner le dos aux valeurs de la gauche".
Valls assume "un acte d'autorité". Face aux critiques, Manuel Valls a assumé sa décision. "L'engagement du 49-3, c'est un acte d'autorité, car l'autorité, c'est assumer ses responsabilités quand l'intérêt supérieur de la nation l'exige", a martelé le Premier ministre à la tribune. "Mon devoir et le devoir de ce gouvernement, c'était de faire en sorte que ce texte soit adopté et qu'il rentre le plus rapidement en effet".
"Il n'y a pas de majorité alternative. Il n'y a a qu'une seule majorité, diverse certes, mais une majorité élue par les Français", a ajouté le locataire de Matignon, qui a de nouveau exhorté à "entretenir l'esprit du 11 janvier".
Le Roux (PS) balaie une "péripétie parlementaire". Avant l'intervention de Manuel Valls, le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, s'était fait l'avocat du gouvernement. En rejetant la motion de censure, "nous clôturerons ce que nous pouvons appeler une péripétie parlementaire", a-t-il estimé. Bruno Le Roux a relativisé le recours au 49-3, une procédure "utilisée plus de 80 fois depuis le début de la Vème République", a-t-il rappelé. "C'est une procédure contraignante, mais qui ne s'est pas substituée au travail parlementaire", a-t-il estimé.
Et maintenant ? Le rejet de la motion de censure valant adoption du projet de loi Macron par l'Assemblée, le texte du ministre de l'Economie doit maintenant passer au Sénat. Il pourrait toutefois revenir devant les députés en cas de deuxième lecture. L'exécutif pourrait alors à nouveau recourir à l'article 49-3, face aux réticences d'une partie de la majorité.
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