Une enquête préliminaire a été ouverte le 14 mai pour "abus de confiance" visant "plusieurs dirigeants de l'association La France insoumise", a appris l'AFP mardi auprès du parquet de Paris, confirmant une information du Canard enchaîné.
L'enquête, confiée à la Brigade financière, vise, selon des sources concordantes, à vérifier les "conditions dans lesquelles les dirigeants de LFI, dont Jean-Luc Mélenchon, se sont acquittés des amendes et des dommages et intérêts auxquels ils ont été condamnés" en décembre 2019 dans l'affaire de la perquisition houleuse au siège de LFI l'année précédente. En effet, ces amendes sont censées être payées par les fonds propres des personnes, et non par ceux d'associations ou de partis.
"Réglés avec le chéquier de la France insoumise"
Selon le Canard enchaîné, c'est spécifiquement le paiement de "26.500 euros de préjudice moral aux forces de l'ordre" par cinq responsables de LFI qui fait l'objet de vérifications car ces versements "ont été réglés avec le chéquier de La France insoumise". La question est donc de savoir si ces dommages et intérêts ont bien été payés par la France insoumise mais aussi de savoir si de l'argent public a été utilisé dans ce règlement, résume l'une des sources contactée par l'AFP.
"Si la partie pénale, les amendes, doivent être réglées personnellement par les justiciables, ce qui a été fait par chacune des personnes concernées, les dommages et intérêts relèvent eux du civil", soutient Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué mardi. "Ils peuvent donc à ce titre être réglés par un tiers. La France insoumise a fait le choix de régler ces dommages et intérêts liés à une perquisition dans ses locaux", assume l'ancien candidat à la présidentielle. "Nous dénonçons cette nouvelle instrumentalisation de la justice qui semble être motivée pour alimenter des articles visant à nous intimider et à véhiculer des rumeurs infamantes", ajoute-t-il.
Le 16 octobre 2018, policiers et magistrats avaient mené une perquisition au siège de LFI dans le cadre de deux enquêtes préliminaires du parquet de Paris. Plusieurs membres de la France insoumise s'étaient interposés et Jean-Luc Mélenchon avait bousculé un représentant du parquet et un policier.
Pour ces faits, le chef des Insoumis avait été condamné, le 9 décembre, à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny pour rébellion et provocation. Il n'a pas fait appel. Lui et quatre de ses proches, dont le député Bastien Lachaud et l'eurodéputé Manuel Bompard, avaient également été condamnés à des amendes allant de 2.000 à 8.000 euros.