Le président de la République Emmanuel Macron s'est rendu ce jeudi à Savines-le-Lac, dans les Hautes-Alpes, pour présenter son plan Eau, qui vise à réduire la consommation du précieux liquide en France dans les prochaines années alors que le pays a connu des épisodes de sécheresse, notamment l'été dernier. Après avoir glissé un mot sur les affrontements qui ont éclaté à Sainte-Soline, le chef de l'État a énuméré une série d'annonces, et il veut passer à 10% de réutilisation des eaux usées en France d'ici à 2030.
Les principales informations :
- Un plan de sobriété sur l'eau sera demandé d'ici à l'été prochain à tous les secteurs
- Emmanuel Macron redoute "des situations de grand stress l'été prochain" dans certaines communes
- Vers 10% de réutilisation des eaux usées en France d'ici à 2030
- Le chef de l'État favorable à une "tarification progressive" de l'eau "généralisée en France"
L'objectif d'atteindre 10% de réutilisation des eaux usées d'ici à 2030
Citant "l'énergie, l'industrie, le tourisme, les loisirs, l'agriculture", le chef de l'Etat a appelé à la responsabilisation de chacun lors de cette conférence de presse, fruit des concertations entamées après un été 2022 caniculaire et la seconde pire sécheresse des sols subie par la France. Il a annoncé la mise en place d'un "EcoWatt de l'eau" sur le modèle de l'instrument mis en place pour réduire la consommation d'électricité pendant l'hiver.
La France, qui ne réutilise que moins de 1% de ses eaux usées et reste très à la traîne sur ce sujet, doit atteindre 10% d'ici à 2030, a annoncé le président. "Nous avons décidé de lancer 1.000 projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l'eau" et "in fine, nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit 3 piscines olympiques par commune (...) ou 3.500 bouteilles d'eau par Français et par an", a déclaré le président.
Macron favorable à une tarification progressive de l'eau
Emmanuel Macron a annoncé vouloir généraliser la "tarification progressive" de l'eau, expérimentée dans certains territoires depuis 2017. Au-delà d'un certain volume de base, le tarif augmentera pour dissuader les usages excessifs. "Ça ne veut pas dire que le prix de l'eau va augmenter, il est d'ailleurs aujourd'hui dans la moyenne quand on regarde le prix de l'eau en France", a-t-il précisé.
Sur le sujet épineux des stockages artificiels d'eau pour les agriculteurs, le président a défendu l'utilité de ces ouvrages, du type de celui de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres où des affrontements très violents ont eu lieu samedi. Ces retenues ou bassines pompent durant l'hiver l'eau des nappes phréatiques afin que les agriculteurs puissent arroser leurs cultures l'été.
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500 millions d'euros de plus par an pour les budgets des agences de l'eau
Mais il a proposé que les prochaines retenues prennent mieux en compte la raréfaction de l'eau liée au changement climatique, et qu'elles soient conditionnées à des "changements de pratiques significatifs", à commencer par des économies d'eau et une réduction de l'usage des pesticides par les agriculteurs. "Il ne s'agit pas de privatiser l'eau. Ou de permettre à certains de se l'accaparer", a-t-il déclaré, en répétant que l'eau était "indispensable à notre souveraineté alimentaire".
Quant aux agences de l'eau, qui financent une large part des projets destinés à mieux gérer, préserver ou réutiliser la ressource en eau, il prévoit "d'augmenter de 500 millions d'euros" par an leur budget annuel, actuellement de 2,2 milliards d'euros.
Selon les statistiques officielles, "l'agriculture est la première activité consommatrice d'eau avec 58% du total, devant l'eau potable (26%), le refroidissement des centrales électriques (12%), et les usages industriels (4%)" sur les 4,1 milliards de mètres cubes prélevés chaque année sans être rendus aux milieux aquatiques.
Prélèvements d'eau : les agriculteurs dispensés d'un "effort supplémentaire", leur dit Fesneau
L'agriculture, très consommatrice d'eau, n'aura pas à baisser ses prélèvements pour irriguer les cultures, a affirmé le ministre de l'Agriculture jeudi devant le syndicat majoritaire FNSEA à Angers, au moment où Emmanuel Macron présentait un "plan de sobriété" sur l'eau dans les Alpes. "Je suis heureux de l'arbitrage qu'on a, qui est un arbitrage de dire 'stabilisation des prélèvements', donc on ne redemande pas un effort supplémentaire" aux agriculteurs, a déclaré Marc Fesneau au dernier jour du congrès de la fédération agricole majoritaire.