"Voilà deux ans que nous gouvernons maintenant, et il y a toujours urgence", a commencé Edouard Philippe devant les parlementaires, mercredi après-midi. Pour la deuxième fois, le Premier ministre s'est plié à l'exercice du discours de politique générale. "C'est l'acte 2 du quinquennat", a assuré le chef du gouvernement, promettant un "changement de méthode" et engageant la responsabilité de son gouvernement. Retrouvez les principales annonces de son discours.
Les informations à retenir :
- Edouard Philippe a annoncé le lancement de "l'acte 2 du quinquennat", en ouverture de son discours
- "L'ambition écologique" se trouvera "'au cœur" de ce nouvel acte, a assuré le Premier ministre
- Le projet de loi bioéthique, comprenant l'extension de la PMA à toutes les femmes, sera examiné par l'Assemblée "fin septembre"
L'écologie en pole position
"Au cœur de l'acte 2, il y a d'abord l'ambition écologique", a d'abord assuré Edouard Philippe, attendu sur ce thème."Les douze prochains mois seront ceux de l'accélération écologique", a-t-il poursuivi, n’excluant pas que les propositions "les plus puissantes" de la convention citoyenne pour la transition écologique, une assemblée de 150 citoyens voulue par Emmanuel Macron à l'issue du grand débat, puissent être soumises "à référendum".
Le Premier ministre a aussi annoncé une "remise à plat" du système d'aides à la rénovation écologique", notamment via la "transformation" du crédit d'impôts de transition écologique "en une aide plus massive, versée en faveur de ceux qui en ont le plus besoin". Les projets de loi sur la mobilité et l'énergie-climat devront eux être votés "avant l'été", tandis que la lutte contre le gaspillage sera "l'une des trois priorités de la rentrée parlementaire en septembre".
Le message d'exaspération fiscale "reçu cinq sur cinq"
"L'acte 2 sera aussi celui de la justice sociale", a poursuivi le Premier ministre, martelant sa volonté de lutter contre les contrats courts, notamment grâce à un "système de bonus malus sur les cotisations d'assurance chômage". Celui-ci s'appliquera "dans les cinq à dix secteurs" d'activité utilisant le plus ces contrats. La réforme prévoit aussi "une dégressivité de l'indemnisation sur les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés".
"Nous avons reçu cinq sur cinq le message d'exaspération fiscale que les Français nous ont envoyé", a encore assuré Edouard Philippe. "Au total, sur l'ensemble du quinquennat, les impôts des ménages baisseront de 27 milliards d'euros." Cette baisse concernera notamment l'impôt sur le revenu, réduit de 350 euros en moyenne par foyer pour la première tranche, selon le chef du gouvernement. "C'est massif, c'est clair, c'est net", a assuré Edouard Philippe, précisant que les cinq millions de foyers de la tranche suivante "bénéficieront d'un gain moyen de 180 euros".
Par ailleurs, le système permettant à la Caisse d'allocations familiales (CAF) de prélever "automatiquement" les pensions alimentaires pour lutter contre "le risque d'impayé", annoncé par Emmanuel Macron pour soutenir les mères célibataires, sera mis en place "dès juin 2020", a annoncé Edouard Philippe.
"Des incitations à travailler plus longtemps"
Après avoir rappelé les mesures du gouvernement en termes d'éducation et de prise en charge de la dépendance notamment - de premières mesures devant être incluses dans le budget 2020 de la Sécu sur ce point-, le Premier ministre a longuement évoqué la réforme des retraites à venir, jugeant le système actuel "ni simple, ni juste". "Un euro cotisé ouvrira les mêmes droits pour tous", a-t-il assuré, garantissant que la fin des régimes spéciaux se ferait "très progressivement".
"Continuer à partir à la retraite deux ans plus tôt que la moyenne des autres pays européens, c'est demander à nos enfants de financer cet écart", a asséné le Premier ministre. "Nous maintiendrons la possibilité de départ à 62 ans, mais nous définirons un âge d'équilibre et mettrons en place des incitations à travailler plus longtemps."
Un livre blanc sur la sécurité "cet été"
En termes de sécurité, "durant les douze prochains mois, notre priorité sera de combattre le trafic de stupéfiants", a fixé Edouard Philippe. "Cela implique de harceler les points de vente, de neutraliser les échelons de distribution, de faire tomber les têtes de réseaux", a détaillé le Premier ministre, qui n'exclut pas "des changements d'organisation" pour y parvenir.
"Les Français n'en peuvent plus des coups de couteau donnés pour un mauvais regard", a-t-il justifié, promettant aussi la mise en place de "réformes que nos forces de l'ordre attendent depuis longtemps". Pour cela, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d'Etat Laurent Nuñez seront chargés de rédiger un livre blanc sur la sécurité intérieure "cet été".
La PMA pour toutes à l'Assemblée "dès la fin septembre"
Concernant l'une des grandes réformes de société promises par Emmanuel Macron, l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA), elle sera examine "dès la fin septembre" par l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi bioéthique, a précisé le Premier ministre, sous les applaudissements des députés de la majorité. "Je suis persuadé que nous pouvons atteindre une forme de débat serein, profond, sérieux, à la hauteur des exigences de notre pays", a-t-il souligné. Ce chantier l'emporte passe donc devant la révision constitutionnelle dans l'embouteillage parlementaire.
Autre annonce: le débat annuel au Parlement annoncé par Emmanuel Macron sur le sujet explosif de l'immigration aura lieu pour la première fois "en septembre".
"Je suis inénervable", assure Edouard Philippe
Se disant "inénervable" face aux députés parfois bruyants à mesure que s’égrainait le calendrier du gouvernement, Edouard Philippe a enfin envisagé un report de l'examen de la réforme des institutions après les sénatoriales de septembre 2020.
"Changer de méthode, c'est changer de ton", a aussi admis le chef du gouvernement. "La détermination, la conviction, la passion que nous mettons à défendre nos idées, et nos idées ne sont pas identiques, ne devraient jamais nous conduire à l'arrogance, à l'agressivité, à la caricature." Après une heure d'allocution, le Premier ministre a, comme le veut l'usage, engagé la responsabilité de son gouvernement sur ce programme, ouvrant la voie à un vote de confiance.