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François Bayrou maintient l'idée d'une «submersion» migratoire à Mayotte et dans plusieurs autres départements français

Europe 1 Avec AFP - Mis à jour le . 3 min

Le Premier ministre François Bayrou a maintenu, mardi devant les députés, ses propos évoquant une "submersion" migratoire à Mayotte et dans plusieurs autres départements français. Des termes qui avaient suscité la polémique à gauche mais également au sein du camp présidentiel.

François Bayrou a maintenu mardi son idée d'une "submersion" migratoire tout en la restreignant à Mayotte et à certains autres départements, une expression chère au Rassemblement national qui a divisé son camp et choqué la gauche, jusqu'à provoquer l'annulation d'une réunion des socialistes avec le gouvernement sur le budget et une éventuelle non-censure.

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La France "approche" d'un "sentiment de submersion" en matière d'immigration, avait déclaré François Bayrou lundi soir sur LCI, suscitant un torrent de protestations.

Mardi devant l'Assemblée nationale, il a expliqué qu'il voulait parler de Mayotte et de plusieurs autres départements, mais sans éteindre la colère de la gauche. 

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"Quiconque est confronté à la situation à Mayotte, et ce n'est pas le seul endroit de France, mesure que le mot de submersion est celui qui est le plus adapté. Parce que tout un pays, (...) toute une communauté de départements français est confrontée à des vagues d'immigration illégale telles qu'elles atteignent 25% de la population", a affirmé le Premier ministre, applaudi par les députés du RN.

"Ce ne sont pas les mots qui sont choquants, c'est les réalités", a-t-il ajouté, réfutant toute "connivence" avec quiconque. Il répondait au chef de file des députés socialistes Boris Vallaud qui l'accusait d'avoir "sciemment emprunté (ce vocabulaire) à l'extrême droite".

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La veille sur LCI, François Bayrou avait estimé que "les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion".

"Neutraliser le RN"

En disant "que tout est une affaire de proportion", le Premier ministre "a justifié la politique que je souhaite mener", s'est réjoui mardi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (LR), tenant de l'aile la plus à droite de l'exécutif. "Qu'un homme centriste, modéré, équilibré, puisse dire, au bout d'un mois et demi à Matignon, qu'il y a une proportion d'étrangers qui ne doit pas être dépassée sur le sol national, c'est une avancée", a renchéri son homologue à la Justice, Gérald Darmanin (Renaissance).

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Côté RN, si le vice-président Sébastien Chenu s'est félicité d'avoir "gagné la bataille idéologique", Marine Le Pen attend de François Bayrou "des actes qui suivent les constats".

Un ancien ministre macroniste considère de son côté que le chef du gouvernement "veut neutraliser le RN avec son expression", car il "considère désormais que la dynamique de censure se trouve plus à l'extrême droite qu’à gauche".

Mais il risque de faire "la même erreur que Michel Barnier", renversé en décembre, "il sous-estime la volonté de rupture de Marine Le Pen et celle de mettre à bas la caste politique", ajoute ce responsable.

"Ce n'est pas avec un mot comme ça" que la "dynamique électorale du RN (...) sera cassée", a estimé de son côté sur LCI le politologue Jean-Yves Camus. 

Les déclarations du chef du gouvernement ont également choqué l'aile gauche du camp présidentiel.  La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n'aurait "jamais tenu ces propos" qui la "gênent". "On parle d'hommes et de femmes, de notre pays, la France qui, par son Histoire, par sa géographie, par sa culture, a toujours accueilli et s'est construite avec cette tradition".

"République fraternelle"

Le tollé est général à gauche. "Ce n'est pas une querelle de mots, c'est un différend profond sur ce que signifie notre République. Notre République, elle est fraternelle. Notre République, elle accueille", a affirmé la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain, qui a déjà prévu - avant cette polémique - de voter la censure. 

Elle a accusé François Bayrou de "jeter en pâture à l'extrême droite toutes celles et tous ceux qui sont nés hors de nos frontières mais qui vivent avec nous". Selon l'Insee, en 2023, la population étrangère vivant en France s'élevait à 5,6 millions de personnes, soit 8,2% de la population totale, contre 6,5% en 1975.

Cela pourra-t-il influencer la décision du groupe socialiste de voter la censure du gouvernement sur le budget qui pourrait être soumis la semaine prochaine à l'Assemblée via l'article 49.3 de la Constitution ? 

Le PS, qui cherche des concessions de François Bayrou en échange d'une non-censure, a annoncé l'annulation d'une réunion prévue mardi avec le gouvernement. "Ce qui s'est passé cet après-midi ne va pas dans le sens d'un accord de non-censure", a estimé le député PS Laurent Baumel.

"Ne pas censurer le gouvernement Bayrou, c'est laisser continuer l'offensive raciste de Retailleau", a affirmé pour sa part la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.

Du côté des associations de défense des droits des migrants, la présidente de la Cimade, Fanélie Carrey-Conte, a jugé que les propos de François Bayrou "illustraient un basculement vers des analyses de plus en plus stigmatisantes sur la question migratoire".