Un mois et demi après leur large victoire aux élections territoriales, les dirigeants nationalistes corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni sont reçus lundi par Edouard Philippe à Matignon. Avant cette réunion, les dirigeants corses demandent un "dialogue sans tabou", incluant des demandes historiquement rejetées par l'Etat.
"Un dialogue avec une méthode". La rencontre avec le Premier ministre, dans les tuyaux depuis le scrutin du 10 décembre et confirmée début janvier, intervient deux semaines avant le déplacement d'Emmanuel Macron en Corse, le 6 février, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac. "On attend de façon générale l'ouverture d'un dialogue avec une méthode, un calendrier et un cadre qui soient vraiment à la hauteur des enjeux", a déclaré Gilles Simeoni, dirigeant du mouvement autonomiste Femu a Corsica et président du Conseil exécutif de la nouvelle collectivité territoriale unique de l'île.
Les demandes des Corses. Avec son allié indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, il sera reçu par Edouard Philippe à 17h, en présence du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et de la ministre Jacqueline Gourault, désignée "Madame Corse" du gouvernement après la victoire nationaliste. Pour Gilles Simeoni, il faut un dialogue "sans tabou ni préalable" qui prenne en compte les "points fondamentaux" : co-officialité de la langue corse avec le français, statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière, amnistie des prisonniers dits "politiques", reconnaissance de la Corse voire du "peuple corse" dans la Constitution, statut d'autonomie "de plein droit" de l'île de Beauté... Un axe qui n'est pas "dissociable", selon lui, des questions liées à la naissance de la collectivité, dont le gouvernement, soucieux de dépolitiser au maximum, veut faire le premier et principal sujet.