"Je dois travailler comme si j'allais devoir être candidat". La petite phrase est signée Jean-Luc Mélenchon dans un entretien au Monde, mercredi. Le député européen laisse planer le doute sur ses intentions pour l'élection présidentielle de 2017. La réalité, c'est qu'il est déjà dans la peau d'un candidat.
Il se voit déjà dans le costume. Jean-Luc Mélenchon le dit d'ailleurs avec une franchise déconcertante : il estime être le seul qui puisse porter les idées de la gauche de la gauche à la prochaine présidentielle. Et il en fait la démonstration. Les sondages, d'abord, le créditent de 11% d’intentions de vote. Il se félicite aussi de son dernier livre sur l'Allemagne et Angela Merkel, Le hareng de Bismarck, publié à 60.000 exemplaires. Il raconte enfin sa récente visite au salon du Bourget et l’accueil des barons de l’aéronautique chez Airbus et Dassaut qui, à l'en croire, l’ont reçu comme un candidat. Aucun doute, Jean-Luc Mélenchon se voit déjà dans le costume.
Son problème, c'est qu'il n'est pas le seul... L'envie de se lancer titille aussi l'écologiste Cécile Duflot ou le patron des communistes Pierre Laurent. Une objection balayée parJean-Luc Mélenchon : pour lui, la première a perdu sa boussole, tandis que le second n’a jamais été réellement un rival.
Hostilité de son propre camp. Il connaît bien, malgré tout, le risque d'une entente de tous ses concurrents pour faire barrage à sa candidature. "Un cessez-le-feu contre moi dans mon camp serait le bienvenu", lance-t-il d'ailleurs dans Le Monde. C'est aussi en prévision de cette hostilité qu’il sort du bois et assume (presque) son ambition.
Il rêve d'un Podemos à la française. Mais si Jean-Luc Mélenchon se lance pour 2017, sur quel parti s'appuiera-t-il, a fortiori si les communistes ne le soutiennent pas ? Son "petit" Parti de gauche ? Aucun, répond-il. Inspiré par les Espagnols de Podemos, Jean-Luc Mélenchon compte désormais sur les mouvements citoyens qui se forment par la base, via les réseaux sociaux. La preuve qu'il ne croit plus aux partis politiques : il achèvera de se désengager de l'organigramme du sien, le Parti de gauche, à l'occasion d'un congrès prévu du 4 au 5 juillet. Il sera alors libre… d'être candidat.