Pour beaucoup, le ministre de l’Intérieur apparaît fragilisé par la mort de Steve Maia Caniço, dont le corps a été retrouvé dans la Loire lundi, plus d’un mois après sa disparition le soir de la Fête de la musique, en marge d’une intervention controversée des forces de l’ordre. Le rapport de l'IGPN qui évacue tout lien entre l'intervention de la police et la mort du jeune homme de 24 ans a fini de mettre le feu aux poudres.
L’opposition demande désormais la démission de Christophe Castaner, dont la gestion du dossier est très critiquée. De son côté, le Premier ministre Édouard Philippe a réaffirmé son engagement à faire toute la transparence dans cette affaire, plaçant du même coup Matignon en première ligne, devant la place Beauvau.
Il faut dire que la majorité ne fait pas vraiment bloc derrière le ministre de l’Intérieur, et les critiquent fusent dans les couloirs. Interrogé par Europe 1, un parlementaire regrette ainsi que Christophe Castaner soit allé mercredi à Perpignan pour "les vitres brisées de la permanence d’un député", alors qu’il n’est pas allé à Nantes. Un conseiller ministériel critique également sa gestion de la crise des "gilets jaunes" et le qualifie de ministre "sous tutelle" avec la prise en main du dossier de la mort de Steve Maia Caniço par le Premier ministre.
Un ministre en sursis ?
À Matignon, on réfute cette interprétation et on justifie l’engagement d’Édouard Philippe en expliquant qu’il s’agit "d’un sujet sensible qui touche les Français". "C’est au plus haut sommet de l’État d’être mobilisé", ajoute-t-on. Le chef du gouvernement a d’ailleurs affirmé publiquement son soutien à Christophe Castaner mercredi, assurant qu’il n’était "pas fragilisé". "Je peux vous dire que le Premier ministre que je suis apporte évidemment tout son soutien à Christophe Castaner, et que j’ai pleinement confiance en lui", a déclaré devant les micros Édouard Philippe à l’occasion d’un déplacement à Palaiseau.
Un conseiller gouvernemental se risque toutefois à parier que l'intéressé "ne résistera pas au prochain remaniement". Également interrogé par Europe 1, un cadre de la majorité fait toutefois le pari inverse, avec ce commentaire, pour le moins cinglant : "Le président de la République n’assume jamais les erreurs de casting."