Deux jours après l’attaque de Villeurbanne, commise par un Afghan demandeur d’asile de 33 ans, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a reconnu certaines lacunes dans la politique migratoire française. "Nous mettons beaucoup trop de temps à répondre aux demandeurs d'asile. Le gouvernement est mobilisé pour réduire cette durée d'étude", a assuré la ministre, lundi sur Europe 1.
"Nous avons un principe constitutionnel qui est un principe d'accueil des demandeurs d'asile. [...] Nous devons le respecter car cela fonde la nature de ce que nous sommes. Pour autant, la personne a besoin de savoir. Si l'asile est accordé, elle doit être introduite dans un processus de prise en charge. S'il est refusé, elles doivent retourner dans leur pays", a-t-elle poursuivi. La ministre se dit par ailleurs "favorable à la tenue d'un grand débat" sur l'immigration, comme le président "l'a évoqué".
"Madame Le Pen fait une exploitation assez éhontée"
Pour autant, Nicole Belloubet refuse de se prêter au jeu de la polémique lancée ce week-end par le Front national et d'établir un lien direct entre l’attaque de Villeurbanne et la politique migratoire. Alors que la piste terroriste n'est pour le moment pas poursuivie par les enquêteurs, le parquet ayant pointé dimanche "l'état psychotique envahissant avec délires paranoïdes" du suspect, Marine Le Pen a fait le lien entre cette attaque et le "laxisme" de la politique migratoire du gouvernement.
"Madame Le Pen fait une exploitation assez éhontée d'une situation commise par quelqu'un qui a un problème psychiatrique, et je pense que c'est totalement déplacé de faire les rapprochements qu'elle fait", lui a répondu Nicole Belloubet. Et d'ajouter : "S'il y avait laxisme, nous n'aurions pas autant de détenus en France (70.000). Et ce n'est qu'une indication parmi d'autres. On voit bien que la justice française n'est pas une justice laxiste. D'ailleurs, la justice n'a pas à être laxiste ou pas, elle a à être juste".