Le congrès du Parti socialiste n'aura finalement pas servi à grand-chose. Même s'ils ont été largement dominés par le score très majoritaire de la motion du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, les députés frondeurs du PS ne comptent pas plier. L'un d'entre eux, Philippe Noguès, élu du Morbihan, a même franchi le Rubicon, annonçant mercredi qu'il quittait le PS et le groupe socialiste à l'Assemblée nationale. "La ligne sociale-libérale a gagné", constate le député dans une interview à Ouest-France. "Il n'y a pas de changement possible de l'intérieur du Parti socialiste".
"Quelques départs" à venir. Ce départ en appellera-t-il d'autres ? La question est désormais sur toutes les lèvres au PS. "Je pense qu'il y aura quelques départs dans les semaines à venir", pronostique Philippe Noguès. Mais "beaucoup hésitent, parce qu'on est dans un parti d'élus, et quitter un parti dans lequel on est depuis vingt ans, trente ans, c'est difficile".
De fait, s'affranchir du PS n'est pas la solution privilégiée par les leaders de la fronde. "La démarche de Philippe Noguès est un choix individuel que je mets sur le coup d'un ras-le-bol et que je respecte", explique à Europe 1 Christian Paul, premier signataire de la motion des frondeurs au congrès. Le député de la Nièvre ne croit pas à une hémorragie : "il peut y avoir un ou deux autres départs, mais la quasi-totalité de notre courant a fait le choix de mener bataille en interne".
Pourtant, certains frondeurs rêvent tout haut de lancer un nouveau courant extérieur au Parti socialiste. Mais cette démarche n'implique pas forcément de claquer la porte. "Nous ne sommes pas dans une logique de scission", assure Laurent Baumel, autre chef de file des frondeurs à l'Assemblée. "Si nous quittons le PS, ce sera pour refonder un parti de gouvernement, pas pour être dans le témoignage comme Mélenchon. Mais cette question n'est pas mûre aujourd'hui".
Le Roux salue "un pas vers une meilleure clarté". De son côté, Bruno Le Roux, le patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, ne semble pas s'émouvoir de la défection de Philippe Noguès. Allant même jusqu'à déclarer, cité par Le Parisien, que "c'est un pas vers une meilleure clarté, tant mieux". "Nous n'avons pas besoin des frondeurs", estimait le même Bruno Le Roux dans une interview publiée mardi par Paris Match. "Depuis plusieurs mois, ils font prendre un grand risque en perturbant tous les messages que nous adressons au pays, mais cela ne nous empêche pas d’avancer".
Chez les frondeurs, on fustige "l'arrogance" de tels propos, et plus généralement les "méthodes totalement caporalistes" du patron des députés PS. "Le Roux n'a pas réussi à entrer au gouvernement. Il en garde une rancœur et une rancune", s'agace un député de l'aile gauche, qui ironise : "une exfiltration-promotion devient urgente. Un ministère du temps libre par exemple, ça lui irait bien !" Une chose est sûre : dans les rangs des députés socialistes, l'ambiance n'est pas près de s'améliorer.