Dans son intervention, mercredi, à l'issue du conseil des ministres, Edouard Philippe s'est dit ouvert à un compromis sur l'entrée en vigueur de la réforme des retraites, théoriquement dès la génération née en 1963. Il a dit entendre "ceux qui estiment qu'à 5 ans de la retraite, le changement de système pourrait être déstabilisant" et "ceux qui disent que la fameuse clause dite du grand-père ne serait pas assez ambitieuse". "Entre ces deux extrêmes, on doit pouvoir trouver le bon curseur", a-t-il déclaré.
Repousser l'entrée dans la réforme à une génération plus jeune que celle des personnes nées en 1963, aurait plusieurs impacts. Cela augmenterait de fait le nombre de personnes qui feront toute leur carrière avec les règles actuelles. Deux hypothèses sont évoquées, sans pouvoir déterminer s'il s'agit de réelles pistes de travail ou de démonstration.
Deux pistes à étudier
La première possibilité serait d'appliquer la réforme qu'aux personnes qui sont à plus de dix ans de leur retraite, alors que le rapport de loi préconise seulement cinq ans. Cela vise les actifs nés à partir de 1968. La conséquence : entre 4 millions et 4 millions et demi de personnes, qui devaient progressivement basculer dans le système universel par point au vu du rapport Delevoye ne seraient finalement pas concernées par la réforme.
La seconde piste pourrait être de n'appliquer la réforme qu'aux personnes qui sont à plus de quinze ans de la retraite, autrement dit les actifs nés à partir de 1973. L'impact serait deux fois plus élevé. Par rapport au scénario privilégié par Jean-Paul Delevoye, neuf millions de personnes échapperaient ainsi à la mise en place du système par point. Cela représente un tiers de la population active en France.