Il y a celui qui n’en démord pas, il y a celui qui maintient sa ligne de défense, et il y a les autres, qui visiblement en ont assez d’entendre parler de François Bayrou. Le maire de Pau a été au cœur du deuxième débat de la primaire de la droite jeudi soir, pendant de longues minutes. Avec des positions tranchées.
Nicolas Sarkozy persiste, insiste et signe
Cela fait désormais plusieurs semaines que pour Nicolas Sarkozy, François Bayrou est un angle d’attaque pour affaiblir Alain Juppé, le favori de la primaire. Alors l’ancien président a encore lourdement insisté pendant le débat. "C’est un problème politique majeur", a insisté Nicolas Sarkozy, malgré le scepticisme affiché de nombre de ses rivaux. "Le sujet est plus important qu’on ne le dit", a-t-il répété, revenant sur le cas Bayrou à plusieurs reprises. "Quel sera le prix pour l’intégration de M. Bayrou et du Modem dans notre majorité ? Je suis pour une alliance avec un centre qui est avec nous matin, midi et soir. Pas un centre qui demande nos voix à Pau et qui le lendemain refuse de voter la motion de censure".
Alain Juppé met les choses au clair
Fidèle à sa ligne de conduite, c’est avec le plus grand calme qu’Alain Juppé a répondu, assumant le soutien que lui apporte François Bayrou. "Je ne lui ai rien promis, il ne m'a rien demandé", a-t-il réaffirmé. "Cette attitude est suicidaire, partir en guerre comme ça contre une tête de Turc (...). Elle est suicidaire, parce que c'est offrir sur un plateau à Mme Le Pen la première place au premier tour de l'élection présidentielle", a ajouté l'ex-Premier ministre. "Je veux rassembler la droite, le centre, les déçus du hollandisme (...) ainsi que les déçus du Front national". Et de regretter : "Je suis très surpris de cette fixation sur le cas de François Bayrou". Une position sur laquelle ont également insisté les autres candidats.
Ils en ont assez de Bayrou
"Six millions de chômeurs, 100% de dette, le totalitarisme islamique à nos portes" et le principal sujet de la campagne, "c'est le maire de Pau", s'est indigné François Fillon. "Moi, là, ça fait plusieurs minutes que j'ai décroché du débat sur François Bayrou", a ironisé de son côté Nathalie Kosciusko-Morizet. "Je trouve aberrant que Bayrou ait réussi à devenir le centre de nos discussions", a enfin abondé Jean-François Copé.
Le retour de bâton sur l’ouverture en 2007
Face à l’intransigeance de Nicolas Sarkozy au sujet de François Bayrou, certains n’ont pas hésité à lui renvoyer sa décision de confier plusieurs ministères à des personnalités de gauche lors de son arrivée à l’Elysée en 2007. "Ce serait plus crédible si tu n'avais pas fait l'ouverture à des ministres de gauche en 2007", a ainsi lancé Bruno Le Maire. Réplique de Nicolas Sarkozy : "Tu as participé au gouvernement, et non seulement tu voulais y rester mais tu postulais même pour être Premier ministre". "Pour changer complètement de politique", a riposté le député de l’Eure. Puis c’est Alain Juppé lui-même qui s’est emparé de l’argument. "Annoncer la couleur avant les élections, ça me paraît plus loyal que de faire entrer des ministres de gauche sans en avoir prévenu les électeurs", a taclé le maire de Bordeaux.