Moins 30% en 10 ans, prix, production... Comment expliquer la baisse de la consommation de jus de fruits en France ?

Les Français consomment de moins en moins de jus de fruits. C'est ce que révèlent les derniers chiffres publiés par Circana. Ils montrent une baisse de la consommation de 30% en 10 ans. Si l'inflation et les phénomènes climatiques ont leur rôle dans cette baisse, certaines directives peuvent également avoir des conséquences.
Les jus de fruits boudés par les Français. C'est du moins ce que montrent les chiffres de Circana sur le sujet : -30% en 10 ans. Si le prix joue un rôle dans cette baisse, les facteurs environnementaux ont également leur importance dans cette baisse de la consommation de ces produits.
"Une production encadrée par une directive extrêmement stricte"
Un de ces facteurs environnementaux est le phénomène "El Niño". Un événement naturel qui se caractérise par une augmentation des précipitations et qui peut aussi entraîner des conditions anormalement sèches. Ce phénomène a touché le Brésil, un des principaux producteurs d'oranges, et provoqué une baisse de la production. Il y a aussi le "dragon jaune", un papillon qui injecte une bactérie dans les arbres, provoquant leur mort, comme c'est le cas aux États-Unis, en Floride.
Mais selon Emmanuel Vasseneix, président de l'Union des Jus de fruits (Unijus) et de la Laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel (LSDH), un autre élément peut expliquer cette situation. Il y aurait une "campagne de désinformation sur les jus de fruits qui dit que les jus ne sont que des boissons sucrées". Une affirmation qu'il réfute : "La production est encadrée par une directive extrêmement stricte. Il y a le pressage et on n'a le droit de rien ajouter ou de rien enlever".
Le président de l'Unijus regrette également le classement des jus de fruits dans la catégorie des boissons sucrées par le Nutri-Score, "mais on a un jus de fruits qui est l'expression d'un fruit, de ce que nous donne la nature. C'est un apport qui est important en vitamines, en minéraux", estime-t-il.
"On est en train de toucher à l'équilibre nutritionnel des Français"
Un avis partagé par Alexandre Lefevre, nutritionniste et diététicien : "En ce qui concerne les jus, le Nutri-Score va prendre que l'aspect densité énergétique : pour 15cl, c'est-à-dire 150 grammes de jus de fruits, elle est plus forte que 150 grammes de fruits. Donc, ils vont dire Nutri-Score C, D. Ils vont dire que c'est mauvais, alors que le seul souci, c'est juste la quantité consommée sur l'instant".
Depuis l'apparition du Plan national de nutrition santé (PNNS), au début des années 2000, et pendant trois versions de ce plan, les scientifiques recommandaient de consommer un verre de jus de fruits en quantité raisonnée, environ 150ml, soit l'apport d'un fruit. Mais selon Emmanuel Vasseneix, cette recommandation a disparu : "Depuis le PNNS 4, ça nous a été supprimé. On trouve que c'est injuste, grave, car il y a naturellement une baisse de la consommation de fruits et de légumes. On est en train de toucher à l'équilibre nutritionnel des Français."
Alexandre Lefevre constate une "crispation" autour de ce sujet, mais cela ne l'a pas fait changer ses recommandations : "Je ne conseille pas de ne plus boire de jus de fruits. Je conseille la consommation en remplacement d'un fruit. Pour un équilibre alimentaire, je recommande trois fruits, ça ferait trois fois 15cl. La personne va prendre cette quantité, ça va lui faire absorber du fruit sous forme de jus. C'est plus agréable et plus rapide".
Autre conseil, les jus de fruits à consommer de préférence sont "les 100% jus de fruits au rayon frais" et d'éviter les nectars. Car pour leur fabrication, "on va récupérer le reste des fruits, on va re-solubiliser dans de l'eau, on va mettre du sucre et puis on filtre. Ça, c'est du nectar. Recommandation zéro". Autre possibilité selon lui, les smoothies car "on va être sur la quantité totale de fibre du fruit". Mais encore une fois, attention à la quantité consommée.