La couche d'ozone, qui se remet doucement depuis que le protocole de Montréal (1987) a interdit les gaz CFC, se trouve de nouveau menacée, cette fois par un composé chimique utilisé dans les décapants pour peinture, met en garde une étude mardi. Les niveaux de chlorure de méthylène (ou dichlorométhane), un composé non concerné par l'interdiction actée à Montréal, augmentent rapidement dans la stratosphère, menaçant de retarder le retour à la normale de la couche d'ozone, alerte l'étude publiée dans Nature Communications.
Bien que "modeste à l'heure actuelle, l'impact du dichlorométhane sur l'ozone a crû nettement ces dernières années", écrit l'équipe de chercheurs américains et britanniques. "Une croissance continue contrerait une partie des gains permis par le protocole de Montréal", ajoutent-ils. La couche d'ozone forme un bouclier gazeux, entre 10 et 50 km d'altitude, protégeant la Terre des rayons solaires ultraviolets.
En 1987, déjà un cas préoccupant. En 1987, un accord international a été signé pour supprimer progressivement les gaz CFC (utilisés dans la réfrigération et les aérosols), responsables du fameux "trou" dans cette couche gazeuse. Les CFC ont ainsi été remplacés par les HFC (qui cependant contribuent à réchauffer la planète). Des scientifiques avaient déjà exprimé des préoccupations quant à l'impact de certains composés volatils, tels que le dichlorométhane.
"Nous devons agir dès maintenant". La nouvelle étude tente ainsi d'évaluer les dommages que génère ce produit, utilisé comme solvant pour peintures et vernis, dégraissant industriel et... pour décaféiner la café. Selon ces recherches, le niveau de dichlorométhane dans la stratosphère a quasiment doublé depuis 2004. Si cette croissance devait se poursuivre, elle pourrait retarder de dix ans la récupération de l'ozone au-dessus de l'Antarctique - là où le "trou" était le plus alarmant. "Nous devons agir dès maintenant pour stopper les émanations de dichlorométhane dans l'atmosphère, si nous voulons éviter de ruiner 30 ans d'une action scientifique et politique exemplaire qui a sans aucun doute permis de sauver de nombreuses vies", a réagi Grant Allen, physicien spécialiste de l'atmosphère à l'Université de Manchester, dans un commentaire.
Cette étude montre en tout cas que protéger la couche d'ozone "est un défi industriel et politique bien plus grand que nous ne le pensions", souligne David Rowley, du University College de Londres.