Ce 23 mars 2018 s'annonce comme une journée normale pour Jacky et Christian Medvès : bouchers au Super U de Trèbes, dans l'Aude, ils travaillent tous les deux en ce vendredi ensoleillé du début du printemps. Tout bascule pourtant lorsque Radouane Lakdim fait irruption dans le supermarché en milieu de matinée et tue trois personnes, après avoir déjà fait une victime à Carcassonne. Christian tombe sous les balles du terroristes près de la caisse 6. Un an plus tard, la douleur est encore vive chez Jacky, son collègue et "pote" pendant quinze ans.
Une photo qu'il saluait tous les jours. "Ne pas y penser, on y arrive, mais on ne peut pas oublier, c'est impossible", confie à Europe 1 celui qui a réussi à évacuer des clients pendant l'attaque. "Pendant trois, quatre mois, c'était tous les jours, tous les jours… J'avais même mis sa photo dans le bureau qu'on avait dans le labo. Tous les jours, j'allais voir sa photo : j'arrivais, et je lui disais bonjour. Ils devaient se dire : 'Jacky, il devient fou !', mais c'était plus fort que moi. Pour moi, il était présent. À chaque fois que je passais où il s'est fait tuer, je regardais au sol", raconte-t-il encore ému.
" Au début, je ne pouvais pas dormir de la nuit, je faisais des cauchemars, je revivais l'attentat "
Aujourd'hui, Jacky travaille encore à la boucherie de la grande surface, réaménagée après l'attentat. Mais rien n'est oublié : "La plaie n'est pas encore fermée, comme on dit. Ça va être long à la fermer, mais ça va… Maintenant, je dors. Au début, je ne pouvais pas dormir de la nuit, je faisais des cauchemars, je revivais l'attentat. Je le voyais, lui, et je voulais le tuer", dit-il en parlant du terroriste, qui s'était retranché dans la salle des coffres. "Je ne veux pas dire qu'on est guéri, mais c'est en bonne voie", veut pourtant croire Jacky.