Barbarin comptait démissionner "quel que soit" le jugement
Le cardinal Barbarin a été condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'agressions sexuelles par un prêtre de son diocèse.
Le cardinal Barbarin avait l'intention de démissionner "quel que soit" le jugement du tribunal qui l'a condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'agressions sexuelles par un prêtre de son diocèse , a déclaré l'évêque auxiliaire de Lyon Mgr Emmanuel Gobilliard.
"Le rendez-vous avec le pape a été pris il y a déjà quinze jours , donc le cardinal avait l'intention de démissionner", "quel que soit le verdict", a assuré sur l'antenne de la radio chrétienne RCF le bras droit de Philippe Barbarin, sans toutefois préciser la date de cette rencontre au Vatican.
"Il est peut-être temps de vivre un changement". "Avec ce qui s'est passé, avec le procès bien sûr, le cardinal a vécu quelque chose de fort, il a pris conscience, il a pris la mesure, il a entendu des témoignages bouleversants et du coup, à la suite de cette réflexion, il a choisi d'aller voir le pape pour présenter sa démission", a ajouté Mgr Gobilliard. Considérant la démission du primat des Gaules comme "un apaisement pour le diocèse", Mgr Gobilliard a également cité un message du cardinal : "Les victimes ont trop souffert, m'a-t-il dit, le diocèse a trop souffert, il est peut-être temps de vivre un changement ".
"C'est important qu'il fasse appel". Dès la lecture de sa condamnation jeudi matin par le tribunal, les avocats du cardinal Barbarin avaient annoncé faire appel. Le prélat de 68 ans s'était présenté quelques heures plus tard devant la presse pour faire savoir qu'il irait "voir le Saint Père pour lui remettre (sa) démission". "Pour ce qui est de l'appel, c'est un homme qui a le droit de faire appel, comme tout citoyen, c'est même important qu'il le fasse", a estimé Mgr Gobilliard, le cardinal ayant été "blessé" par les attendus du jugement contenant, selon lui, "des choses inexactes".
Le procès pour pédophilie du père Preynat devrait se tenir en fin d'année. Les autres mis en cause poursuivis pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat sur de jeunes scouts de la région lyonnaise, n'ont pas été condamnés, le tribunal considérant que les faits n'étaient pas constitués pour quatre d'entre eux et prescrits pour le dernier. Le procès pour pédophilie du père Preynat devrait vraisemblablement se tenir en fin d'année. "Comment se fait-il que le cardinal Barbarin soit jugé avant le principal auteur des faits, avant celui qui a détruit la vie de tant de personnes ?", a-t-il encore interrogé. "Évidemment, nous souhaitons que ce procès (du père Preynat) ait lieu et ce procès aussi permettra au diocèse de s'apaiser, de mieux comprendre".
Pour l'archevêque de Rouen, "il y a de la pourriture" au sein de l'Église catholique
L'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a estimé vendredi dans un communiqué qu'il y avait "de la pourriture" au sein de l'Église catholique, au lendemain de la condamnation du cardinal Barbarin pour non-dénonciation d'agressions sexuelles. Tout en refusant de commenter cette décision de justice, Mgr Lebrun remarque qu'elle s'ajoute "à d'autres révélations et condamnations de prêtres, d'évêques, de religieux ou religieuses qui ont abusé d'enfants ou de personnes fragiles, crimes terribles", selon ce communiqué.
"Il y a de quoi être troublé. Je le suis avec vous tous (...) Nous découvrons des péchés graves, aggravés parce qu'ils ont été cachés (...) Je n'imaginais pas à quel point il y a de la pourriture au sein de notre Église catholique", poursuit l'archevêque de Rouen. "Est-ce par aveuglement ou par orgueil ? Est-ce par protection plus ou moins consciente de l'Église ou des personnes ? Je ne sais pas répondre. Je m'examine moi-même, et chacun a sans doute sa réponse. En tous les cas, nous avons maintenant à accueillir la lumière qui éclaire ces ténèbres", ajoute le prélat. Condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre, Mgr Philippe Barbarin, plus haut dignitaire de l'Église de France, a annoncé qu'il allait remettre sa démission au Pape. Il fera également appel du jugement.