C’est une querelle de chiffres qui a failli virer à l’affrontement : en France, il y aurait beaucoup plus que 620 loups. C’est en tous cas ce que disent les éleveurs et les chasseurs, pour qui l’État sous-estime le nombre de loups. Alors pour apaiser les tensions, ils ont désormais le droit de repérer les traces de canidés pour les compter. Et ce dès cette semaine.
Grâce à leurs syndicats, chasseurs et éleveurs ont en effet obtenu d’identifier les excréments, poils et photographies de loups, afin d'estimer leur nombre en France. Un comptage jusqu’ici principalement effectué par l’Etat, comme l'explique Michèle Baudoin présidente de la Fédération nationale ovine. "On ne trouvait pas ça très normal d'observer de la présence de loups, nous les ruraux et les éleveurs, et de ne pas pouvoir comptabiliser ces éléments. C'est un évolution qui nous paraissait nécessaire et on est très intéressé de pouvoir participer à ce comptage", assure-t-elle.
Une gestion "même pas digne d'un État"
Cette collaboration est mise en place pour regagner la confiance des éleveurs, comme celle de Bernard Dinez, qui a perdu 40 brebis cette année en Savoie et ne décolère pas. "C'est une gestion catastrophique et même pas digne d'un Etat. C'est comme si tous les matins on pouvait mettre le feu à votre maison et que l'on vous disait 'ce n'est pas grave vous toucherez quelques sous'. C'est honteux."
L’Office Français de la biodiversité, chargé de compter les loups, reconnaît qu’il ne peut plus agir seul. En témoigne Loïc Obled, le directeur de l’institution. "C'est en se mettant d'accord ensemble sur une méthode de prospection des indices que l'on restaurera la confiance", plaide-t-il. Certains éleveurs espèrent ainsi prouver que les loups sont trop nombreux et qu’il faut en abattre davantage. Le nombre de tirs autorisés sur ces animaux est pour eux une condition de survie de leur activité.