centre de rétention administrative CRA 1:51
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Alexis Delafontaine
Dans les centres de rétention administrative (CRA), les personnes soumises à des OQTF sont souvent assurées de repartir librement, faute de laissez-passer consulaire de leur pays d'origine, transformant ces lieux en semi-prison. Pour comprendre leur fonctionnement, Europe 1 s'est glissée dans celui du 12e arrondissement.
REPORTAGE

Les obligations de quitter le territoire (OQTF) risquent de faire élever des voix de députés. Le sujet sera bientôt à l'Assemblée nationale, alors que le projet de loi immigration suit son cours. Mais avant de pouvoir être expulsées, les personnes soumises à des OQTF passent forcément par les CRA, les centres de rétention administrative. Un séjour de 90 jours maximum, le temps d’obtenir un laissez-passer consulaire par leur pays d’origine. 

Problème : ce document n’arrive que très rarement et les CRA se transforment donc en semi-prison, avec une mission presque impossible. Pour essayer de comprendre leur fonctionnement, les députés du Rassemblement national Edwige Diaz et Yoann Gillet se sont rendus dans le CRA du 12e arrondissement de Paris. Europe 1 les a suivis.

"Des codes culturels qui ne sont pas assimilés"

Dès les premiers pas à l'intérieur du centre, une odeur de cannabis prend au nez des visiteurs. Dans la cour de promenade, Sami, d'origine marocaine, interpelle les députés sur sa situation. Il est retenu pour apologie du terrorisme. "Je suis allé chercher sur YouTube pour rechercher 'C'est quoi le Hamas ?'. Puis la police est venue chez moi, ils ont cassé la porte. Maintenant, moi, je déteste la France", se justifie-t-il.

Des propos qui scandalisent la députée RN, Edwige Diaz. "On a bien vu un comportement que je pourrais qualifier d'hostile. Et donc je pense qu'il y a des codes culturels qui ne sont pas assimilés", répond-t-elle. Ici pourtant, Sami est logé, blanchi et nourri. Il peut jouer aux jeux vidéo, au ping-pong et même regarder la télévision. La seule solution contre les violences, selon le commandant de police. "Il y a Canal +. Parce que quand il y a des matchs, on est plus tranquille", explique-t-il.

Au fond du couloir, seul dans sa cellule, Amine attend avec impatience sa remise en liberté pour reprendre son travail chez Amazon. Il est certain de sortir libre à la fin du mois car l'Algérie refuse de reconnaître son identité. Impossible donc de le renvoyer. Un cas parmi des milliers : seulement 35% des détenus sont expulsés.