Chambre 2806 : l’affaire DSK, c’est le documentaire événement de Netflix mis en ligne lundi. Réalisé par Jalil Lespert, le documentaire revient sur l'affaire du Sofitel, qui, il y a 9 ans, a fracassé la carrière politique de Dominique Strauss-Kahn. Huit ans avant le Sofitel, DSK était déjà accusé de tentative de viol par Tristane Banon, alors qu'elle était journaliste et, lui, ministre. Elle a porté plainte en 2011 et témoigne dans ce documentaire. "C'est très bizarre de regarder un morceau de sa vie aussi important qui devient une série internationale Netflix", raconte-t-elle au micro de Patrick Cohen mardi, dans Europe midi.
"J'ai vraiment eu l'impression d'un documentaire qui parlait d'un monde qui aurait eu 50 ans ou 100 ans alors que c'était il y a 10 ans, quand je vois la façon dont la classe politique réagit et les journalistes", ajoute-t-elle. Aujourd'hui, "ça serait accueillit différemment par les médias, mais pas par la classe politique", critique-t-elle. "Je pense que médiatiquement il y a eu une évolution extraordinaire", en revanche, "il y a un mépris de classe, une réaction de corporation politique. Ça arriverait demain, DSK serait protégé de la même façon par sa classe politique, on le voit dans le documentaire", enchaîne-t-elle.
"Il n'y a pas de socialiste pour l'enfoncer", pointe-t-elle encore. "Ils se défendent, eux, en le défendant", analyse Tristane Banon. "Je leur en veux énormément pour ça, tout le parti a été complice de DSK", accuse-t-elle. "Mon affaire révèle un dysfonctionnement au sein du parti. Tout le monde sait qu'il y a un problème DSK et tout le monde nettoie derrière lui les traces de déviance car c'est le candidat choisi". A l'époque, DSK était en effet le favori du PS pour affronter Nicolas Sarkozy dans la course à l'Élysée.
"Le parquet aurait dû s'auto-saisir des faits"
Depuis, les mentalités ont changé, comme l'a montré l'affaire Baupin, ancien adjoint de la mairie de Paris, visé par plusieurs accusations d'agressions sexuelles et d'harcèlement sexuel. "Il a été traité différemment par la presse, la parole des victimes n'a jamais été remise en cause", souligne Tristane Banon.
Le documentaire Netflix revient sur une scène de l'émission Faubourg Saint-Honoré, de Thierry Ardisson, en 2007. Outre le fait que les invités sourient à l'écoute de son récit, Tristane Banon note qu'après la diffusion de l'émission, "il ne s'est rien passé", ni au Parti socialiste, ni au parquet "qui aurait dû s'auto-saisir des faits".
A la question de savoir s'il faut sacraliser les paroles de victimes, elle reconnaît qu'il y a eu "des dérives et des excès" et estime qu'en "tant que femmes on gagnerait à parler plus de ces dérives. Mais je pense qu'elles vont avec les révolutions, c'est inhérent à toute révolution".
En 2011, le parquet de Paris a reconnu qu'il y avait bien eu agression sexuelle de la part de DSK sur Tristane Banon, mais les faits étaient prescrits.