C'est une théorie troublante qu'un scientifique français a eu vite fait de balayer. Un Russe, passionné de généalogie, a publié une tribune le 10 décembre sur une plateforme de blogs dans laquelle il laisse entendre que Jeanne Calment, la doyenne de l'humanité, n'était pas morte en 1997 à l'âge de 122 ans, mais en 1930. Il affirme que la Française se serait fait usurper son identité par sa propre fille, Yvonne.
Des différences de nez et d'oreilles. L'hypothèse de ce directeur d'une entreprise russe qui lutte contre le vieillissement, Yuri Deigin, repose sur une étude menée par deux compatriotes russes, gérontologiste pour l'un et "gérontologiste amateur" pour l'autre. Ils y analysent notamment une série de photos "avant-après" de Jeanne Calment et sa fille, décédée en 1934 selon l'Etat civil, et observent que le nez et les oreilles de la doyenne sont trop différents entre le début et la fin de sa vie. Ce qui permet d'établir, selon eux, qu'il ne s'agit tout bonnement pas de la même personne. Autre argument avancé par les Russes : des incohérences dans le récit de Jeanne Calment, notamment sur sa rencontre avec le peintre Vincent Van Gogh.
Selon Yuri Deigin, Yvonne, la fille, ne serait pas morte en 34 mais aurait pris la place de sa mère pour éviter à la famille de payer la taxe sur son héritage.
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"Des informations que seule Jeanne Calment pouvait connaître". La théorie, si elle a eu l'effet d'agiter un temps les réseaux sociaux, a vite été dézinguée par les experts français. Jean-Marie Robine, directeur de recherches à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a rencontré plusieurs fois Jeanne Calment dans le cadre de son travail sur les centenaires. Interrogé par Le Parisien, il dénonce : "Tout cela est complètement bancal et ne repose sur rien." Avec le scientifique Michel Allard, Jean-Marc Robine a co-validé le record de longévité de Jeanne Calment. Et il jure de la rigueur de leur travail.
"On n'a jamais rien trouvé qui nous permettait d'émettre le moindre soupçon sur son âge. On a eu accès à des informations qu'elle seule pouvait connaître, comme le nom de ses professeurs de mathématiques ou de bonnes passées par l'immeuble. On lui a posé des questions sur ces sujets. Soit elle ne se souvenait plus, soit elle a répondu juste. Sa fille n'aurait pas pu savoir ça", défend-il auprès du Parisien.