"La colère, on la comprend, mais on ne peut pas en être". Voilà ce que disent les grandes confédérations syndicales à propos de la mobilisation des "gilets jaunes". Le sujet, elles le reconnaissent, a donné lieu à des discussions ces derniers jours. Mais partout, la conclusion a été la même : pas question de s'afficher dans cette mobilisation qui est récupérée par l'extrême droite.
"Une colère légitime, mais dont les ressorts sont obscurs". La CGT, par exemple, a publié une déclaration dans laquelle elle s'étonne de "cet appel lancé un samedi, sans réelle ambition de bloquer l'économie, qui s'appuie sur une colère certes légitime, mais dont les ressorts sont obscurs. Et les solutions préconisées demeurent floues, voire dangereuses pour le monde du travail".
Il y a quand même, chez certains syndicats, une forme de jalousie à voir un mouvement parti de rien ou presque prendre en quelques semaines une dimension aussi large, alors qu'eux-mêmes parviennent de plus en plus difficilement à mobiliser les salariés dans les journées d'action qu'ils organisent. D'où certaines initiatives locales, prises en contradiction avec les positions arrêtées au niveau national. Dans le département du Cher, par exemple, la CGT appelle ouvertement les salariés à participer à la mobilisation des "gilets jaunes".