La grève des urgentistes dans les hôpitaux prend de l'ampleur. Elle concerne désormais une soixantaine de sites partout en France. Samedi, une assemblée générale se tiendra à Paris pour accentuer la pression sur les autorités sanitaires. Entre violences verbales, physiques, manque de moyens et de personnel, depuis plus d'un mois, des centaines de soignants protestent contre la détérioration de leurs conditions de travail, comme à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Agressions verbales et physiques
Dans la salle d'attente des urgences de l'hôpital, où 88% des soignants sont en grève, une caméra a été installée depuis un mois. L'écran de contrôle et le vigile sont censés protéger le personnel contre les agressions mais les incidents persistent. "L'agressivité monte très rapidement", explique Candice, aide-soignante qui porte une blouse blanche avec les mots "en grève" inscrits au marqueur. Les blessures des soignants peuvent aller "de l'œil au beurre noir à la déviation de la mâchoire en passant par la griffure et l'insulte".
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"Quand le médecin va se ramener parce que j'ai autre chose à faire que de l'attendre", "Dépêche-toi", "Tu ne sais pas nous aider", "Tu ne sers à rien" : voilà le type d'invectives que Candice dit avoir l'habitude d'entendre. "C'est une montée d'agressivité permanente", explique-t-elle.
Manque de personnel
Ces problèmes sont d'autant plus saillants que le manque d'effectifs se fait sentir. Vingt personnes supplémentaires seraient nécessaires pour gonfler l'effectif des urgences qui compte aujourd'hui 120 soignants.
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"On n'est jamais assez de soignants pour le nombre de patients qu'on prend en charge", estime Bleuène, également aide-soignante. Les patients peuvent attendre jusqu'à quatre heures avant de voir un médecin, selon elle. "Les gens sont confinés dans une salle d'attente où il y a parfois des odeurs nauséabondes, des gens n'ont parfois plus la place de s'asseoir... C'est une incompréhension pour eux. On essaie au maximum de désamorcer quand des gens s'énervent mais c'est parfois très compliqué."
Selon Candice et Bleuène, cela fait des années que la plupart des soignants des urgences de l'hôpital Saint-Antoine ne portent plus leur badge mentionnant leur nom, par peur d'être identifiés et agressés…
65 services touchés
Quelque 200 personnels des urgences hospitalières de 33 villes se sont réunis samedi à Paris pour la première fois depuis le début du mouvement de grève. Sur 148 Services d'accueil et de traitement des urgences (SAU) contactés par le collectif Inter-Urgences, 65 étaient touchés par un mouvement de grève samedi, a précisé ce collectif de soignants de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), soutenu par les syndicats CGT, SUD et FO.