En amont d'un plan interministériel, Gabriel Attal, qui a réclamé "un électrochoc" dans la lutte contre le harcèlement scolaire, a rencontré lundi les syndicats de l'Education nationale avant une visite au rectorat de Versailles au centre de plusieurs polémiques. Les syndicats de l'Education avaient rendez-vous lundi matin rue de Grenelle, où le ministre leur a fait un point sur ses pistes pour combattre le harcèlement, une lutte "absolument essentielle", a rappelé Emmanuel Macron dimanche. Un plan interministériel sur ce sujet, annoncé dès juin après le suicide de Lindsay, 13 ans, doit être dévoilé mercredi.
"Le ministre a évoqué différentes pistes, dont celle de la prévention, avec son souhait de mettre l'accent sur la formation des personnels au programme pHARe. Mais attention, ce programme ne peut pas être l'alpha et l'omega", a déclaré à l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré. Il y a aussi "l'idée de faire du 9 novembre (journée nationale de lutte contre le harcèlement) une journée avec des temps banalisés partout en France pour faire une sorte de grand électrochoc", a ajouté Béatrice Laurent, secrétaire nationale Unsa-Education.
De son côté, le ministère, qui dit avoir évoqué avec les syndicats "la prévention, la détection et la réaction", s'est félicité d'"un consensus qui a émergé sur le constat et le besoin d'accélérer très massivement sur (leur) stratégie de lutte contre le harcèlement".
Réunion de deux heures trente
"Le ministre avait proposé une réunion de deux heures qui a duré 2H30, donc on sent qu'on est vraiment sur une préoccupation majeure", a relevé Laurent Kaufmann, secrétaire fédéral du Sgen-CFDT. Depuis l'été, des mesures ont déjà été instaurées face à cette "priorité absolue" de la rentrée 2023 selon les mots de la Première ministre, Elisabeth Borne : la possibilité de changer d'établissements les élèves harceleurs dès cette année ou de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement. Le ministre de l'Education entend aller plus loin.
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Lors d'une visite à Copenhague au Danemark, pays qui fait figure de modèle dans la lutte contre le harcèlement, Gabriel Attal a dit vouloir que la confiscation du téléphone portable de l'enfant auteur de cyberharcèlement grave soit systématique. Il a aussi mis en avant la possibilité d'interdire l'accès aux réseaux sociaux des mineurs mis en cause. Des mesures également abordées devant les syndicats par Gabriel Attal, qui a aussi dit travailler sur la mise en place d'un questionnaire pour tous les élèves afin de repérer les "signaux faibles" dans la lutte contre le harcèlement, ou sur la création de "brigades" dédiées sur le sujet dans les rectorats.
Messages aux harceleurs
Le gouvernement revendique d'envoyer des "messages très forts" aux harceleurs, comme en témoigne l'arrestation lundi dernier en plein cours d'un collégien soupçonné de harcèlement à Alfortville (Val-de-Marne). Gabriel Attal, qui est attendu lundi après-midi au rectorat de Versailles, promet à son administration "un électrochoc à tous les niveaux" sur le harcèlement scolaire. A Versailles, les services de la plus grosse académie de France et son ancienne rectrice, Charline Avenel, sont sous le feu des critiques après le suicide au lendemain de la rentrée à Poissy (Yvelines) de Nicolas, 15 ans.
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La révélation d'un courrier envoyé l'année dernière par le rectorat de Versailles, qui tançait les parents de l'adolescent accusés de ne pas avoir une "attitude constructive et respectueuse", a suscité une vague d'indignation. Ce courrier est une "honte", avait jugé Gabriel Attal. Il a annoncé le lancement d'un audit sur la gestion des cas de harcèlement au cours de la dernière année scolaire dans chaque académie. Dans une interview au Parisien dimanche, l'ancienne rectrice, désormais à la tête d'un groupe privé d'enseignement, assure ne pas avoir eu connaissance du courrier, qu'elle qualifie d'"inadmissible", semblant en renvoyer la responsabilité aux seuls services juridiques de l'académie. Elle a présenté "des excuses aux parents de Nicolas".
Vendredi, les termes d'un autre courrier du rectorat de Versailles, adressé en mai à des parents qui se plaignaient d'attouchements sexuels sur leur fille, ont également été condamnés par Gabriel Attal.