D'un côté Laura Smet et David Hallyday, de l'autre Laeticia Hallyday. Les deux clans vont s'opposer pour la première fois devant le tribunal de Nanterre jeudi depuis les révélations sur le testament de Johnny Hallyday. Un juge doit examiner la demande de David Hallyday et Laura Smet qui réclament un droit de regard sur l'album posthume de leur père, ainsi que le gel de son patrimoine, en attendant le règlement de la question de la validité du testament.
Qui affronte qui ?
Deux clans s'affrontent dans ce litige qui intervient trois mois après la mort de Johnny Hallyday d'un cancer du poumon le 6 décembre dernier. D'un côté se trouve Laeticia Hallyday, la veuve du rockeur, qui a hérité de "l'ensemble de son patrimoine et l'ensemble de ses droits d'artiste", selon le testament américain de son mari.
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De l'autre, Laura Smet, fille de Nathalie Baye, et son demi-frère David Hallyday, fils de Sylvie Vartan, qui s'estiment "déshérités". Dans son testament, l'artiste avait effectivement mentionné : "Je ne prends expressément aucune disposition dans ce testament ou dans aucun autre document à l'intention de mes enfants David et Laura, auxquels j'ai déjà fait des donations par le passé".
Laura et David ont décidé de mener "toutes les actions de droit" pour que ce texte californien ne s'applique pas. Ils demandent "que la succession soit soumise aux règles de dévolution légales" en France, selon des sources proches du dossier. Ni Laeticia, retournée aux États-Unis pour des raisons administratives, ni Laura Smet n'assisteront à l'audience, selon Closer.
Qui demande quoi ?
Lors de cette audience, le "droit de regard" des deux premiers enfants de Johnny Hallyday sur son album posthume en préparation va être étudié. Laura Smet et David Hallyday ont saisi en référé (procédure d'urgence) le président du tribunal de grande instance de Nanterre afin de "prendre connaissance du projet d'album posthume" de Johnny Hallyday.
Ils donnent à Laeticia Hallyday "un délai de 48 heures" pour accéder à cette demande et réclament une "astreinte de 10.000 euros par jour de retard" en cas de non-respect de leur souhait. Laura Smet souhaite "pouvoir confirmer le respect de l'intégrité artistique de l'entier contenu de cet album", a indiqué l'un de ses avocats, Me Emmanuel Ravanas. Une demande à laquelle Laeticia Hallyday a "sèchement opposé une fin de non-recevoir", a-t-il affirmé.
Le rockeur a travaillé une grande partie de l'année 2017 à ce 51ème album studio, inachevé, pour lequel une dizaine de chansons ont été enregistrées. "Johnny Hallyday avait fait écouter avec fierté le 4 octobre dernier les premiers enregistrements bruts de quelques titres de l'album à sa fille Laura", selon les avocats des aînés de l'artiste. Nommée directrice artistique pour ce projet, Laeticia Hallyday a supervisé les enregistrements et décidera de la date de sortie de l'album.
Par le biais de cette procédure, les deux aînés Hallyday demandent également au tribunal le gel du patrimoine de leur père, c'est-à-dire des "mesures conservatoires" sur les biens immobiliers. En clair, cela signifie "que les quatre villas du rockeur, à Los Angeles, Saint-Barthélémy, Marnes-la-Coquette, et une autre à Los Angeles peuvent être vendues, mais que l'argent serait alors placé sous séquestre", révèle Violette Lazard. "Nous venons d'apprendre l'existence de cette deuxième villa à Los Angeles, elle a été achetée il y a une dizaine d'années", détaille la journaliste spécialiste de l'affaire. Laura et David demandent par ailleurs "la mise sous séquestre" des "redevances perçues au titre des droits d'auteur" de l'artiste. 1.160 œuvres de Johnny Hallyday sont concernées.
Pour David Hallyday et Laura Smet, l'objectif est de faire en sorte que rien ne bouge avant que l'affaire de l'héritage ne soit jugée sur le fond, et que soit décidé si le testament américain de leur père est valable, ou au contraire, si le droit français s'applique. Auquel cas, les deux enfants seraient forcément réintégrés dans l'héritage.
Comment les hostilités ont-elles commencé ?
Le 12 février dernier, Laura Smet a lancé la première salve dans une lettre transmise à l'AFP. "J'ai choisi de me battre", confiait-elle alors dans son courrier, adressé à son père. Elle annonçait par la même occasion son intention de contester en justice le testament de Johnny Hallyday.
Dans la foulée, Laeticia Hallyday a exprimé son "écœurement de l'irruption médiatique autour de la succession de son époux". Elle s'est néanmoins dit "sereine et n'aura de cesse de consacrer toute son énergie à faire respecter le travail et la mémoire de son mari, selon sa volonté et en conformité avec l'esprit de son oeuvre inestimable", selon un communiqué. Elle a ensuite disparu des réseaux sociaux dont elle était pourtant adepte.
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Quelques jours plus tard, Laura Smet affirmait, par la voie de ses avocats, que sa belle-mère avait "sèchement opposé une fin de non-recevoir à sa demande de communication amiable, s'inscrivant dans le cadre de relations familiales normales, de ce projet d'album finalisé dont elle ne sait que très peu de choses".
La rupture semble bel et bien consommée entre les deux familles de Johnny Hallyday qui pour lesquelles cette procédure est la première d'une longue série qui devrait durer des années.
Violette Lazard, journaliste spécialiste de l'affaire, résume le conflit de l'héritage de Johnny Hallyday au micro d'Europe matin, jeudi.