Pour la troisième fois, le projet de loi de bioéthique et sa mesure phare d'ouverture de la PMA à toutes les femmes sont au programme de l'Assemblée nationale, à partir de lundi. "Il était temps !", s'exclame lundi l'ancienne ministre de la famille et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, sur Europe 1. "C'est probablement le texte qui aura été le plus long dans son adoption de tout ce quinquennat."
"La PMA n'est qu'une question politique"
Selon elle, le gouvernement a fait une "erreur" en liant le vote de la PMA pour toutes à l'adoption d'une nouvelle loi de bioéthique. "Il avait un autre choix, celui de faire adopter dès le début du quinquennat une loi courte sur la PMA et les conditions de filiation. Installer la PMA dans une loi bioéthique, qui est un processus très long, c'était à coup sûr une garantie de retarder l'adoption du texte."
Pour Laurence Rossignol, "la PMA, sur le plan bioéthique, est tranchée depuis quarante ans". "En fait, il ne s'agissait pas de s'interroger sur une technique médicale. Il s'agissait de s'interroger sur qui peut y accéder. On a fait de la PMA une question bioéthique alors que ce n'était qu'une question politique."
"Pas un bébé ne naîtra de PMA pour toutes avant la fin du quinquennat"
La Manif pour tous, vent debout contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, a appelé à manifester lundi et mardi soirs aux abords du Palais Bourbon. "Les manifestations d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ce qu'on a connu", relativise Laurence Rossignol, qui ajoute : "Ceux qui sont hostiles à ces avancées de société ont perdu parce qu'ils ont perdu dans l'opinion."
Elle regrette par ailleurs que le président de la République se soit montré "très prudent voire timoré" sur un sujet qui déjà a convaincu, selon elle, la majorité des Français. "Sur les questions de société, ce gouvernement s'avère être assez conservateur, voire un peu réactionnaire." L'ancienne ministre conclut : "Pas un bébé ne naîtra de PMA pour toutes avant la fin du quinquennat. J'espère qu'il y aura des femmes enceintes mais avec les décrets d'application, ce n'est même pas garanti"