L'homme jugé pour avoir proféré des injures antisémites contre le philosophe Alain Finkielkraut, en marge d'une manifestation parisienne du mouvement des "gilets jaunes" en février, a été condamné à deux mois de prison avec sursis vendredi. Il était poursuivi par le seul ministère public, qui avait requis six mois avec sursis, Alain Finkielkraut ne s'étant pas constitué partie civile dans cette affaire, même s'il était venu témoigner à l'audience en mai.
Le philosophe avait été violemment invectivé par des manifestants en marge de l'acte 14 du mouvement, le 16 février. La scène avait suscité une vague de condamnations au sein de la classe politique. Benjamin W., l'homme le plus reconnaissable sur les vidéos qui ont circulé, s'était notamment écrié : "Espèce de sioniste", "grosse merde", "elle est à nous, la France", ou encore "sale race" ou "t'es un haineux et tu vas mourir".
Des injures "proférées à raison de la religion"
Le tribunal a notamment estimé que ces propos "apparaissent viser Alain Finkielkraut comme personne de confession juive", par le recours aux stéréotypes habituels antisémites, décrivant les personnes de confession juive comme n'appartenant pas à la communauté nationale", selon la décision consultée par l'AFP.
"Les injures apparaissent ici avoir été proférées à raison de la religion de la personne visée, le terme 'sioniste' venant ici purement et simplement dissimuler le caractère antisémite des propos", a encore considéré le tribunal. "Mon client conteste tout antisémitisme et on considère qu'il y a un deux poids, deux mesures, quand on voit les propos tenus régulièrement sur tous les plateaux télévisés par Alain Finkielkraut et qui n'ont jamais été repris par le ministère public", a réagi l'avocat de Benjamin W., Me Ouadie Elhamamouchi. Il a annoncé son intention de faire appel.