"Silence" et "consternation". Voilà comment Nikos Aliagas décrit le village sinistré de Villegailhenc dans l'Aude, où il se trouve mardi matin pour une matinale spéciale sur Europe 1, après les inondations meurtrières survenues dans la nuit de dimanche à lundi. "Il tombe une petite pluie fine" et "on sent partout des odeurs de gasoil à cause des voitures qui ont été emportées", décrit l'animateur de la matinale d'Europe 1, qui se trouve "sur la place du village" de Villegailhenc.
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Il a notamment rencontré Enzo, un habitant de Villegailhenc, qui s'est vu mourir dans la nuit de dimanche à lundi. "Plus l’eau est montée, plus je disais à ma femme : ‘Tenez-moi tous. On part, on va se débrouiller.’ J’ai appelé les pompiers mais ils étaient très occupés. Pour moi, on n’allait pas s’en sortir", confie-t-il.
A cause des inondations, il a perdu les seuls souvenirs qui lui restaient de sa mère, décédée alors qu'il était enfant : "J’ai perdu ma mère à 11 ans, les seules photos et papiers que j’ai, j’ai tout perdu. Les seules lettres qu’elle m’écrivait, j’ai tout perdu."
"A 3h du matin, j'ai plongé dans le jardin"
Mounia, 30 ans et mère de deux enfants, venait quant à elle d'acheter sa maison et avait terminé les travaux le week-end dernier. Elle raconte avoir nagé dans l'eau glacée en pleine nuit pour aller au secours de ses voisins. "C’est mon voisin qui m’a appelée dans la nuit, un peu avant 2h30. Quand je me suis réveillée avec la pluie, on s’est vus par le balcon, parce que c’est mon voisin d’en en face avec sa femme et ses deux enfants. On s’est dit : ‘On se rappelle, on se tient au courant.’ Dès que j’ai raccroché, deux minutes après, il y a une grosse vague qui est arrivée et ça a tout dévasté. Dans le jardin, dans le salon, on a eu jusqu’à 2,5-3 mètres d’eau", se souvient-elle.
Ses voisins "étaient coincés", sans "aucun accès pour aller sur le toit" : "Mon conjoint a fait au mieux pour essayer d’y aller mais avec le courant, à la nage c’est un peu difficile." Mounia est donc allée chercher "une échelle dans le jardin" pour pouvoir secourir ses voisins.
"A 3h du matin, j’ai plongé dans le jardin, j’ai nagé en plein milieu de l’essence parce que les voitures étaient emportées, on ne voyait plus les toits. J’ai nagé, nagé, l’eau était tellement froide qu’on attrape des crampes." Elle a tout de même réussi à ramener l'échelle pour la donner à son conjoint. Après être passé de toits en toits, "il a réussi à atterrir sur leur toit et ils ont fait évacuer toute la famille".
Le témoignage de Mounia illustre l'élan de solidarité qui s'est mis en place entre les sinistrés dans l'Aude. Mais Nikos Aliagas dit aussi avoir "vu des gens qui ne savaient pas où aller et qui ont dormi dans leur maison pleine de boue et d'humidité".