Un village fantôme, sans bruit. De l'animation tranquille des petites rues de Pezens, à six kilomètres de Carcassonne, il ne reste plus rien. Lundi, le millier et demi d'habitants de cette petite commune de l'Aude ont été évacués car la digue locale a menacé de se rompre, ce qui aurait provoqué une vague géante capable de submerger la ville après les inondations meurtrières qui ont touché l'Aude dans la nuit de dimanche à lundi.
"Ne discute même pas, tu t'en vas tout de suite". Ici, tout est allé très vite. En deux heures, l'ensemble du village a été abandonné, dans un grand mouvement de panique. "Mon mari est gendarme, il m'a dit : 'Ne discute même pas, prends les blousons et les chaussures des enfants et tu t'en vas de suite'. J'ai oublié les doudous des enfants, la télé allumée et le café sur la table. On a tout laissé, je ne sais même pas si on a fermé à clé", témoigne Virginie, partie en catastrophe avec ses trois enfants, et encore sous le choc. "Ça a été la catastrophe, les gens qui criaient, qui pleuraient, la panique… On aurait dit que c'était la fin du monde, j'en ai tremblé tellement ça faisait peur."
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Plusieurs communes des environs ont proposé d'accueillir les habitants de Pezens, notamment la ville de Bram, à vingt kilomètres de là. Certains ne savaient même pas où c'était quand ils sont partis de chez eux. Mais en arrivant, ils ont trouvé du café, des jeux pour les enfants, ainsi qu'un repas chaud à la cantine du collège. Des habitants sont venus spontanément proposer des vêtements et également un lit pour la nuit. Il n'y a même eu besoin d'ouvrir le gymnase pour les loger.
"Ça fait chaud au cœur". Tous ceux qui sont venus à Bram, soit une centaine de personnes, ont pu dormir dans un lit lundi soir. Comme Audrey, accueillie avec son mari et ses trois enfants, dont un bébé de 3 mois, chez Célia et son conjoint. Il y a là "les matelas, les duvets, les couettes", décrit Célia, qui a organisé son salon "en mode camping" : "On va s'organiser en couchage au sol. On a le cœur chaud, mais l'endroit est petit." Pour Audrey, "ça fait chaud au cœur que des gens pensent aux autres parce que ce n'est pas tout le monde qui peut héberger, surtout nous, on est cinq.
"Des craintes de pillages. "Je mangerais des crêpes, je me sens bien ici", confie la petite Calypso, la fille d'Audrey. "Je suis rassurée." Beaucoup d’adultes craignent, eux, les pillages, même si les gendarmes ont promis de faire des rondes. Les habitants espèrent que la décrue sera au rendez vous mardi et qu'ils pourront enfin regagner leur maison.